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Pouvoir d'achat, climat, retraites... Quels sont les défis d'Elisabeth Borne ?

Elisabeth Borne a été nommée ce lundi Première ministre par Emmanuel Macron. Pouvoir d'achat, éducation, climat, retraites... La tâche s'annonce ardue pour celle qui est la deuxième femme à occuper ce poste depuis Edith Cresson.

Environnement

C'est le sujet le plus critique pour les prochaines années. Selon le rapport du Giec, les experts du climat à l'Organisation des Nations unies (Onu), le pic d'émissions de gaz à effet de serre devra être atteint d'ici à 2025, afin de rester dans l'objectif des 1,5°C d'augmentation de la chaleur terrestre. Seulement trois ans donc, pour changer les manières de produire et de consommer pour espérer un avenir durable pour les futures générations.

A Marseille, Emmanuel Macron avait annoncé que «le quinquennat sera écologique ou ne sera pas» et pris l'engagement que son Premier ministre sera «directement chargé de la planification écologique». Le président de la République semble afficher une volonté forte sur cette thématique. Le 4 mai dernier, il a d'ailleurs réuni une dizaine d'experts du climat afin d'établir «la mise en œuvre de la planification écologique».

D'aucuns se souviennent du «Make our planet great again» prononcé par le président de la République en 2017. Mais entre les promesses et les actes, il y a un pas de géant que le gouvernement n'a pas franchi. A plusieurs reprises, le Haut conseil pour le climat (HCC) a jugé que la France n'était pas en bonne voie pour atteindre ses objectifs d'émissions. Selon son rapport du 30 juin 2021, la hausse des températures moyennes a atteint 1,7°C en France, tandis qu'elle pourrait dépasser les 2,5°C à l'horizon 2100.

Dans les faits, Emmanuel Macron n'a pas tenu certaines promesses, comme la fermeture de la totalité des centrales à charbon. D'un côté, l'investissement dans les énergies fossiles s'est également élevé à plusieurs dizaines de milliards d'euros. De l'autre, la France n'a pas atteint les 20 % d'énergies renouvelables dans sa consommation totale en 2020. Le seul parmi les 27 membres de l'Union européenne. Si le président souhaite «aller deux fois plus vite» pendant son second mandat, comme il l'a annoncé, son nouveau Premier ministre devra agir au plus vite.

Pouvoir d'achat

Thématique centrale de  l'élection présidentielle, le pouvoir d'achat est le dossier sur lequel le Premier ministre sera tout de suite attendu au tournant. Dans un récent sondage Elabe, 50 % des Français interrogés estiment que le gouvernement doit mettre l'accent sur ce thème pendant le quinquennat à venir.

Et pour cause, les ménages sont frappés, depuis le début de l'année 2022, par une hausse spectaculaire de l'inflation. Cette dernière se situe à 4,8 % au mois d'avril. En conséquence, les prix de certains produits ont explosé : +15,31 % pour les pâtes alimentaires, +11,34 % pour les viandes surgelées ou encore près de 11 % pour les huiles. De même, le prix du carburant a littéralement explosé, se situant à 1,906 euro pour le gazole et 1,960 euro pour le SP 98. 

Un contexte inflationniste conjoncturel qui devrait encore durer, selon le gouverneur de la Banque de France. Dans une interview accordée à France Inter ce mercredi 11 mai, François Villeroy de Galhau a indiqué qu'il «reste des incertitudes», tout en annonçant que tout était mis en œuvre  pour retrouver un taux «autour de 2 %», soit «son bon niveau».

Pour faire face à cette crise, le gouvernement prépare un projet de loi   de finances rectificative  consacré au pouvoir d'achat. Il contient la prolongation jusqu'à fin 2022 du bouclier tarifaire plafonant les prix de l'énergie, la mise en place d'un dispositif  pérenne sur les prix du carburant (mieux ciblé que l'actuelle remise de 18 centimes) et l'indexation des retraites sur l'inflation.

Enfin, des «chèques alimentaires» d'un montant de 50 à 60 euros par mois devraient être distribués  aux foyers les plus modestes dès cet été.

Retraites

Le sujet est brûlant pour la majorité présidentielle. Tout au long de la campagne, Emmanuel Macron a défendu un recul de l'âge légal de départ à la retraite, allant progressivement de 62 à 65 ans. «Il y aura d'abord une concertation et une négociation», assure le président. «L'objectif est de pouvoir monter à 1.100 euros pour sa pension minimale complète», a-t-il ajouté, pendant le débat d'entre-deux-tours, face à Marine Le Pen.

Le Premier ministre devra dès lors adhérer à ce principe, pourtant fortement impopulaire. Selon un sondage Ifop, 77 % des personnes interrogées estiment que le président doit retirer le projet de son programme. Le locataire de Matignon devra également faire face à la gronde des syndicats, qui, de la CGT à la CFDT, ont annoncé être «vent debout» contre ce projet de réforme.

Éducation

Le gouvernement Macron a été tout sauf inactif au niveau de l'éducation. Rue de Grenelle, Jean-Michel Blanquer a vécu un mandat difficile, entre changements massifs et contestations vives du corps enseignant.

Deux réformes ont suscité les plus grandes réactions. Tout d'abord, le basculement d'APB vers Parcoursup, avec les débuts de la sélection dans certaines universités. De même, les élèves ont été confrontés à un nouveau bac, avec la fin des filières traditionnelles S/ES/L, pour un système de matières de spécialité.

De nombreux syndicats d'enseignement, comme la Sgen-CFDT, ont émis de vives critiques sur cette nouvelle organisation, qui «ne simplifie pas le bac» et «augmente de façon inacceptable la charge de travail administrative». Le nouveau Premier ministre aura le choix d'assumer pleinement ou non cette nouvelle dynamique, ou d'aller vers de nouvelles réformes.

Selon le rapport Pisa (programme international pour le suivi des acquis des élèves), la disparité de niveau entre les élèves est très élevée. C'est également le cas entre certaines matières, comme les mathématiques, dont les résultats sont en baisse constante année après année. Les enseignants seront enfin attentifs aux promesses de campagne d'Emmanuel Macron, qui a donné comme objectif «qu'aucun enseignant ne soit payé moins de 2.000 euros».

Cohabitation ?

Enfin, la question se pose d'un nouveau Premier ministre... dès le 19 juin. En effet, il est de tradition que le chef du gouvernement appartienne à la majorité législative. Or, cette dernière n'est pas encore garantie pour le président de la République. Dans un dernier sondage Ifop-Fiducial du 11 mai, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) serait en tête au premier tour, avec 28 % des suffrages, contre 27 % pour la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons et Agir). L'institut établit également que 49 % des Français souhaitent un Premier ministre de gauche.

Suite à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a entrepris l'union des partis de gauche et fait campagne pour «devenir Premier ministre». Si la Nupes obtient la majorité à l'Assemblée, une cohabitation serait alors mise en place, la première depuis le couple Jacques Chirac-Lionel Jospin, entre 1997 et 2002.

En cas de défaite aux législatives, le Premier ministre nommé la semaine prochaine pourrait connaître un mandat express à Matignon. Il s'agira alors pour le nouveau-nouveau chef du gouvernement, en plus de tous les dossiers développés précédemment, de composer avec les oppositions exécutives et législatives. Pas simple donc.

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