Eric Piolle, le maire de Grenoble, a relancé récemment le débat concernant le burkini dans les piscines municipales, entraînant de nombreux commentaires, des «pro» comme des «anti». Selon un sondage exclusif de l’institut CSA pour CNEWS, les Français ont aussi un avis bien tranché sur la question : 73% des Français souhaitent qu’il y soit interdit.
L’enquête* révèle dans le détail que 26% des personnes interrogées souhaitent autoriser le port du burkini dans les piscines, 73% souhaitent au contraire l’interdire, et 1% des sondés ne souhaitent pas se prononcer.
Les hommes et les femmes ont exactement le même avis sur la question, avec 73% des hommes qui y sont opposés et 74% des femmes. Les opinions divergent également très peu entre les différentes catégories socioprofessionnelles (77% d’opposition au burkini dans les piscines pour les catégories supérieures, 70% pour les catégories inférieures, et 73% pour les inactifs).
C’est surtout au niveau de l’âge que les avis sur le port du burkini dans les piscines municipales divergent le plus. Les 18-24 ans sont pour une autorisation de ce maillot de bain à 63%. Ils ne sont à l’inverse que 26% chez les 35-49 ans à vouloir l’autoriser, et 12% chez les plus de 65 ans.
Concernant la proximité politique, les électeurs de gauche et de droite semblent s’accorder sur le sujet, car tous sont en majorité pour l'interdiction du burkini, avec 66% des personnes interrogées proches de la gauche, 81% des électeurs du centre et 82% des électeurs de droite. La France insoumise reste le parti le plus favorable à l’autorisation du burkini (46%) et Les Républicains sont les plus réfractaires (15%).
Une question de laïcité ?
Eric Piolle a affirmé ce lundi que le burkini était «un non-sujet», alors que la polémique a éclaté concernant le projet d’autorisation de ce vêtement de bain dans les piscines. «Depuis une dizaine de jours, on entend une énorme polémique gonfler partout autour du burkini et de Grenoble», a-t-il déploré dans une vidéo sur Twitter, alors que pour lui, il ne s’agit que «d'assurer l'égalité d'accès aux services publics, et la liberté de se vêtir ou se dévêtir, dans le respect de l'hygiène et de la sécurité», invoquant la loi de 1905 sur la laïcité.
Le règlement des piscines devrait être «juste un progrès social pour que les femmes puissent venir se baigner les seins nus comme les hommes et pour que les maillots couvrants pour se protéger du soleil soient autorisés, et pour que les burkinis soient autorisés aussi», a-t-il déclaré. «En fait, on s'en fiche de savoir si c'est un maillot couvrant, s'il est là pour se protéger du soleil, s'il est là pour raison religieuse, ça ne nous regarde pas», insiste le maire, déplorant des «débats d'une extrême violence» ces derniers jours.
Une vision de l’égalité qui n’est globalement pas partagée par les autres membres de la sphère politique. Alors qu’Olivier Faure, le patron du PS, s’est dit «contre le burkini qui est un instrument de propagande», Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a menacé de couper les subventions de la région à la ville de Grenoble si ce nouveau règlement sur le burkini était adopté. «Pas un centime des Auvergnats-Rhônalpins ne financera votre soumission à l’islamisme», a-t-il répondu à Eric Piolle sur Twitter.
* Enquête réalisée les 10 et 11 mai sur un échantillon national représentatif de 1.011 personnes âgées de 18 ans et plus, par questionnaire auto-administré en ligne.