Les tensions entre le Mali et la France ne risquent pas de s’apaiser, puisque le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a été convoqué par la justice malienne dans le cadre d’une enquête pour «atteinte aux biens publics et autres infractions».
D’après une convocation, authentifiée à l’AFP, par la justice malienne, Jean-Yves Le Drian est «invité à se présenter au cabinet d’un juge d’instruction du pôle économique et financier, le lundi 20 juin 2022 pour affaire le concernant».
Une invitation dont n’a pourtant pas été informé le Quai d’Orsay, qui a garanti «qu’aucune notification, ni information d’aucune sorte ne leur est parvenue par les canaux appropriés».
Cette enquête fait suite à une plainte déposée depuis le 22 février dernier par la plate-forme Maliko, qui se traduit par «l’affaire du Mali», regroupant plusieurs organisations de la société civile malienne.
Une histoire de passeports biométriques
Pour rappel, en 2015, lorsque Ibrahim Boubacar Keita était au pouvoir, une société française nommé Oberthur Technologie, devenue Idemia depuis 2017, avait obtenu pour une dizaine d’années le marché de fabrication des passeports biométriques maliens.
Il y a trois mois, l’objet de cette plainte concernait donc «une histoire d’attribution d’un marché de fabrication de passeports maliens à une société française», dans laquelle le fils de Jean-Yves Le Drian était impliqué, comme l'a souligné une source judiciaire malienne.
Le média Jeune Afrique avait d’ailleurs précisé que Maliko avait alors «porté plainte contre Jean-Yves Le Drian et Thomas Le Drian pour complicité de prise illégale d’intérêt et favoritisme».
«Le Drian était à l’époque ministre de la Défense. A-t-il appuyé le dossier pour défendre une entreprise française ou ses intérêts ?», des questions auxquelles la justice malienne souhaiterait apporter des réponses précises dans ce dossier qui n’en est «qu’au stade de l’enquête», a déclaré une autre source judiciaire malienne.
Pour sa part, l’association Maliko, qui s’est constituée partie civile, a fait part d’un document accompagnant la plainte et stipulant que «les procédures et règles instituées par la législation malienne, en particulier le décret… portant code des marchés publics, ont été allègrement violées à l’occasion de l’attribution du marché susmentionné».