Pas moins de 184 parties civiles se sont constituées dans ce dossier. Ce jeudi 28 avril, au 4e jour du procès de la catastrophe de Brétigny-sur-Orge, une quarantaine d'entre elles étaient présentes au tribunal d'Evry afin d'écouter l'audition de Guillaume Pepy, à la tête de la SNCF au moment du déraillement qui a fait 7 morts le 12 juillet 2013.
Tous souhaitent que la SCNF prenne ses responsabilités, et reconnaisse ses erreurs.
Des erreurs qui auraient conduit selon eux au déraillement il y a près de 9 ans du train Intercités Paris-Limoges numéro 3657 au niveau de la gare de Brétigny-sur-Orge, faisant 7 morts et plusieurs centaines de blessés.
Auditionné ce jeudi dans le cadre du procès qui s'est ouvert ce lundi, Guillaume Pepy – qui a été le président de la SNCF entre 2008 et 2019 – a d'abord fait part de sa «très profonde compassion et totale solidarité» envers les victimes. «Personne ne prend le train pour avoir un accident», a-t-il reconnu.
UNE «RESPONSABILITÉ MORALE INFINIE»
«Je sais que ces accidents collectifs de transports créent une souffrance d'une violence particulière et une violence qui ne s'efface pas», a-t-il poursuivi, premier témoin à être entendu à la barre.
Questionné par la présidente et les avocats des parties civiles, Guillaume Pepy a reconnu la «responsabilité morale infinie» de la SNCF dans ce dossier, mais a immédiatement écarté le «vieillissement du réseau» ainsi que la «mauvaise organisation» de la maintenance comme causes de la catastrophe ferroviaire.
«Je ne crois pas qu'un contexte du vieillissement du réseau ou d'une traçabilité mal faite, ou d'une mauvaise organisation, soit un arbre des causes robuste et scientifique» qui expliquerait la catastrophe, a-t-il ainsi déclaré à la barre.
Pour étayer ses propos, ce dernier n'a d'ailleurs pas hésité à utiliser une métaphore, comparant les trains vieillissants de la SNCF à de vieilles voitures, qui passent le contrôle technique sans problème, ne les rendant pas moins fiables que des trains neufs.
L'énigme de l'éclisse à élucider
L'ancien patron de la SCNF a néanmoins expliqué que l'accident – «unique» dans l'histoire ferroviaire du pays – pouvait s'expliquer par un problème de «caractère métallurgique» et un possible défaut de l'acier. En gros, selon lui, l'éclisse à l'origine de l'accident a très bien pu se casser toute seule.
Une thèse pourtant écartée par les magistrats instructeurs, qui avait statué que la rupture de cette pièce, barre métallique faite d'acier qui permet de solidariser deux rails grâce à des boulons, était due «par fatigue» à un lent processus de dégradation combiné à une surveillance défaillante des agents.
Ce mardi et ce mercredi, les représentants légaux de la Société nationale SNCF – héritière pénalement de la SNCF Infra chargée de la maintenance du réseau – et du gestionnaire des voies SNCF Réseau – ex-Réseau Ferré de France (RFF) – avaient également adressé leurs pensées aux victimes à la barre.
Tous ont cependant contesté les fautes qui leur sont reprochées. Les deux entités encourent jusqu'à 225.000 euros d'amende. Un troisième prévenu, cadre cheminot au moment des faits, encourt jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.