Après la défaite de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, Gaëtan Dussausaye, membre du conseil national du Rassemblement national (RN) et ancien directeur national du Front national de la jeunesse, aborde les ambitions du parti pour les législatives.
Comment analyser ce résultat obtenu par Marine Le Pen (41,2%) ?
C’est un score historiquement haut pour notre formation politique, on n’avait jamais atteint un tel niveau. On augmenterait de trois millions de voix notre score par rapport à 2017, avec presque plus de 14 millions d’électeurs. Cela veut dire qu’il y a une bonne partie d’électeurs qui n’avaient pas choisi Marine Le Pen au premier tour et qui se sont reportés sur elle au second (elle avait obtenu 8,1 millions de voix, ndlr). Notre projet commence à convaincre de plus en plus de personnes, c’est un très bon début et cela doit se concrétiser pour les élections législatives.
Est-ce qu’avec ce résultat, le RN peut organiser autour de lui un bloc des droites ?
Avant même ce second tour, c’est le premier tour qui l’a décidé. Le fait que les Français placent Marine Le Pen en première alternative possible à Emmanuel Macron, ça disqualifie et discrédite les autres candidats. D’autant plus quand ceux-ci, et je pense notamment à Jean-Luc Mélenchon, appellent implicitement à voter pour Emmanuel Macron. Car quand on dit «pas une voix à Marine Le Pen», ça laisse peu d’alternatives à ses électeurs.
Je pense que les Français n’oublieront pas que Jean-Luc Mélenchon, candidat soi-disant social, a appelé à voter pour la retraite à 65 ans et le travail forcé pour les bénéficiaires du RSA (des éléments du programme d’Emmanuel Macron, ndlr). Ce n’est donc pas une union de la droite qui doit se créer autour de nous, mais une union des Français, tout court. Si tous ceux qui ont voté pour nous dimanche font pareil aux législatives, ça nous permettra d’apporter une opposition solide à Emmanuel Macron.
Obliger Emmanuel Macron à des compromis
Il n’est pas question pour le moment d’envisager des alliances ?
Pour le moment, non. Il y aura certainement des discussions qui auront lieu. Je pense qu’on peut s’entendre avec des personnalités, des cadres, qui par leur parcours et la tenue qu’ils ont eu lors de cette élection font que l’on peut travailler avec eux et que l’on peut envisager la constitution d’un groupe avec eux. Mais si l’on parle de logiques d’appareils, je ne suis pas certain, et l’abstention le montre, que c’est ce qu’attendent les Français. Ce sont plutôt des petites magouilles qui les dégoutent de la vie politique.
Avez-vous déjà un objectif pour les élections législatives ?
Pour le moment, c’est encore un peu tôt. On veut présenter des candidats partout, Marine Le Pen a annoncé qu’elle sera avec eux durant la campagne. Le but est d’avoir le plus de représentants possibles à l’Assemblée, déjà pour constituer un groupe (au moins 15 députes, ndlr) et parce que ça laisse beaucoup plus de marge de manœuvre et de moyens d’actions pour défendre la France et les Français. Si on arrive à en faire élire le plus possible, cela peut empêcher Emmanuel Macron d’obtenir une majorité et l’obliger à des compromis pour la constitution d’un gouvernement.