Cette séquence du débat de l’entre-deux-tours a fait vivement réagir. Mercredi soir, Emmanuel Macron a accusé Marine Le Pen de «dépendre du pouvoir russe», notamment par l’intermédiaire d’un emprunt effectué par son parti auprès d’une banque russe.
Le président-candidat a eu des mots particulièrement virulents à l’encontre de Marine Le Pen. «Vous dépendez du pouvoir russe et de Monsieur Poutine», a-t-il lancé à son interlocutrice.
«Vous avez contracté un prêt en 2015 auprès d’une banque russe proche du pouvoir, puis vous avez reboutiqué ce prêt auprès d’autres acteurs qui sont impliqués dans la guerre en Syrie», a-t-il ajouté.
Des accusations fermement démenties par Marine Le Pen. Pourtant, selon certaines informations, cette transaction aurait bien eu lieu.
Emmanuel Macron : «Vous dépendez du pouvoir russe et de Mr. Poutine» lors du débat d'entre-deux-tours pic.twitter.com/iz6ePEAAVX
— CNEWS (@CNEWS) April 20, 2022
Un prêt de plus de 9 millions d’euros
Cette affaire remonterait à 2014. Le Front national, devenu Rassemblement national depuis, a effectivement contracté un prêt de plus de 9 millions d’euros auprès d’une banque russe, la First Czech-Russian Bank (FCBR), pour financer la campagne du parti pour les élections régionales et départementales de 2015.
Deux ans plus tard, en 2016, la FCRB a fait faillite. Le prêt a alors été racheté par Conti, une entreprise russe spécialisée dans la location de voitures, puis par Aviazaptchast, une firme dirigée par d’anciens militaires russes qui fait du commerce de pièces détachées d’avions.
Une procédure judiciaire
Des tensions sont rapidement apparues entre le nouvel échéancier Aviazaptchast et le Front national.
La firme a même attaqué devant la justice russe le parti, alors présidé par Marine Le Pen, pour ne pas avoir remboursé son prêt.
En 2020, Marine Le Pen et ses créanciers sont parvenus à un accord. Le Rassemblement national a ainsi obtenu un délai jusqu’en 2028 pour rembourser la somme empruntée.
Pourquoi la Russie ?
Si Marine Le Pen a un temps nié l’existence de ce prêt, la candidate du Rassemblement national s’est justifiée auprès d’Emmanuel Macron, pointant du doigt la difficulté pour son parti d’obtenir une telle somme de la part d’une banque française.
«C’est malhonnête de m’empêcher d’obtenir un prêt dans une banque française et de me reprocher ensuite de partir à l’étranger pour en chercher un», a-t-elle lancé à Emmanuel Macron mercredi soir.
Le président de la République s’est immédiatement défendu de cette sortie, assurant qu’il n’était «pas ministre des Finances en 2015» et que «personne n’est jamais intervenu».