Dans son édito de ce vendredi 15 avril, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, évoque les défis économiques du prochain quinquennat.
La marge de manœuvre économique du prochain président sera très faible pour ne pas dire nulle ! D’abord car l’inflation -qui est maintenant installée- ne peut être combattue efficacement qu’au niveau de la banque centrale européenne – cela va demander un mouvement de hausse des taux directeurs (que la France a tout fait pour repousser à après les élections ?). La présidente de la BCE va forcément activer ce levier pour essayer d’endiguer la montée des prix et éviter en zone euro une énorme crise sociale mais la montée des taux peut aussi déclencher, de l’autre côté, une crise de la dette publique – surtout en France !!
On ne peut pas dire que les programmes annoncent beaucoup de baisses de dépenses sauf en matière de retraite avec le report de l’âge de départ à 65 ans mais si on fait des exceptions dans tous les sens et que c’est pas 65 mais 64 etc etc on n’aura pas les économies escomptées – Ce qui va sauter au yeux après l’élection c’est que le fameux quoi qu’il en coûte n’est plus finançable sauf à mettre la France en faillite. Dès le lendemain du second tour, on peut dire que la fête de la dépense sera bel et bien finie ! Tout ce qui a été mis sous le tapis – dette gigantesque, déficit commercial abyssal, déficit public colossal, coût de la dette qui va commencer à monter – va remonter à la surface comme un bouchon et on aura enfin le débat dont les Français ont été privés pendant la campagne
Comment ça va se traduire concrètement ? D'abord avec une forte pression des pays frugaux d'Europe du Nord pour que la France remette de l'ordre dans ses finances publiques. L'Allemagne et les Pays-Bas ne vont pas tolérer encore longtemps qu'un pays avec qui ils partagent la même monnaie pratique le quoi qu’il en coûte permanent et laisse perpétuellement filer ses déficits et sa dette (hors dépenses militaires)
Le prochain gouvernement quel qu’il soit va devoir donner rapidement des preuves de sérieux budgétaire et de volonté de maîtrise des finances publiques.
Sinon il s'exposera à une sanction des marchés financiers à travers une brutale remontée des taux d'intérêt sur la dette avec une charge de la dette qui va devenir «infinançable». Le taux de la dette française à dix ans est à 1,3 %, niveau le plus élevé depuis huit ans. Ce sujet va se révéler crucial spécialement en France car la moitié de notre dette publique est détenue par des investisseurs étrangers. On ne pourra pas les balader bien longtemps. Il est temps de sortir du triptyque perdant pour la France et les Français du pays qui taxe le plus, dépense le plus et travaille le moins et qui s’endette pour fonctionner… A bon entendeur.