Après la liste rouge régionale des chauves-souris en 2017 et des oiseaux nicheurs en 2018, l'Agence régionale de la biodiversité (ARB) vient de publier celle des orthoptéroïdes d'Île-de-France. L'institution parle d'un «constat alarmant», alors que près d'un quart de ces espèces sont menacées dans la région.
Les sauterelles, criquets et grillons mais aussi le phasme gaulois et la mante religieuse : tous ces insectes font partie de la famille des orthoptères.
Dans son rapport, l'ARB compte 71 espèces en Ile-de-France, dont 38 criquets, 20 sauterelles, 11 grillons, 1 mante et 1 phasme.
Parmi elles, 63 ont été étudiées par l'institution et 8 ont été laissées de côté «car introduites ou récemment arrivées dans la région».
6 % d'espèces éteintes, 22 % menacées
Et le constat est sans appel : sur les 63 espèces d’orthoptéroïdes franciliennes évaluées, environ 22 % sont menacées. Soit 14 espèces considérées comme en danger, en danger critique d’extinction ou vulnérables.
En sus, 4 autres ont déjà été établies comme éteintes dans la région. Quant aux 43 autres, celles-ci ne sont pas menacées à proprement parler mais ont tout de même le statut d'espèces «quasi menacées» ou «de préoccupation mineure».
Un «constat alarmant» selon l'ARB qui explique que «le taux d’espèces éteintes dépasse déjà les 6 %» dans la région, en plus des 22 % menacées. En cause ? Agriculture intensive, urbanisation, pollution ou encore changement climatique, mais aussi disparition des habitats, intoxications des individus, perturbation des rythmes biologique, selon l'institution, qui énumère «les principales causes de la disparition de la biodiversité en Île-de-France».
Pour Sophie Deschiens, la présidente de l'Agence régionale de la biodiversité (ARB), ces insectes «constituent de véritables sentinelles des milieux ouverts», et portent la marque de «l’état de conservation de nos prairies, landes, pelouses et bosquets». Pour remédier à cette menace, l'institution rappelle donc «l'urgence de la conservation des populations d'orthoptères les plus fragiles afin d'enrayer de nouvelles disparitions d'espèces dans la région».
Quelles solutions ?
Dans cette perspective, Yann Wherling, le vice-président de la région Île-de-France chargé du climat et de la biodiversité, souhaite «s’engager aux côtés des acteurs franciliens» et «soutenir les projets concrets permettant de préserver, restaurer et valoriser notre patrimoine naturel régional et inverser ainsi la courbe d’érosion des espèces». «Des solutions» à envisager selon lui «pour faire évoluer les pratiques d’aménagement et de gestion».
Car selon le rapport de l'ARB, les habitats de ces orthoptères – notamment les prairies sur sols fertiles et pelouses sèches – «sont rares» et à l'instar de ces habitants «particulièrement menacés», tout comme les friches et prairies...
Autre sujet : l’abandon des pratiques pastorales extensives en Île-de-France a également «entraîné la fermeture de ces milieux ouverts». D’autres milieux – tels que les landes, les clairières et les lisières des grands massifs forestiers (Rambouillet, Fontainebleau...) maintiennent aussi des espèces patrimoniales pour la région.
Tout l'enjeu est donc de préserver ces lieux, en maintenant par exemple «des milieux ouverts pour la pâturage avec différents animaux» afin de «favoriser la stratification végétale», en évitant de faucher systématiquement tous les espaces verts des parcs et jardins de la région ou encore les bords de route et autres platebandes, ronds-points et allées ou en implantant de nouveaux espaces verts, y compris, sur le toit des immeubles, via des terrasses végétalisées. En 2019, une espèce de grillon avait été observée sur le toit de la Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt.