Actuellement dans une bonne passe dans sa course à l’Elysée, la candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a su policer son discours avec un programme qui reste radical, selon une étude publiée ce lundi.
Depuis son arrivée à tête du Front national (devenu le RN), en 2011, la candidate d’extrême droite a su «adopter une communication beaucoup plus lisse» mais son positionnement est «tout aussi radical notamment sur les enjeux culturels et migratoires», a affirmé la Fondation Jean-Jaurès, autrice de l’enquête.
#Présidentielle2022 l La Fondation publie son enquête sur Marine Le Pen en décryptant son idéologie, son image et son électorat avec les contributions d'É. Bréhier @A_Bristielle @finchelstein @Antoine_Jardin @Raphael_llorca @Jeremie_Peltier & @mv_rbrt : https://t.co/hGDj9paJ2J pic.twitter.com/amkhTmSiRL
— Fondation Jean-Jaurès (@j_jaures) April 4, 2022
Le centre de réflexion, classé à gauche, a ajouté : «si la dédiabolisation n'est pas programmatique, elle est clairement discursive».
Selon lui, le processus de «dédiabolisation» entamé par la fille de Jean-Marie Le Pen a été favorisé par la «rhétorique plus dure» du candidat polémiste (également d’extrême droite) Eric Zemmour, mais aussi par la «ligne plus stricte» de la droite dite modérée des Républicains (LR). Tout cela favoriserait une «normalisation des idées de droite radicale».
Si sur le plan économique, le FN est passé, dans les années 2000, du néolibéralisme au «social-populisme», du parti antitaxes à un «impôt sur la fortune financière» et aux mesures en faveur du pouvoir d'achat, il est «toujours radical» sur les questions culturelles, a souligné la Fondation.
«faire oublier la dureté de son programme»
Marine Le Pen propose toujours «des mesures fortes pour promouvoir la loi et l'ordre». Elle promettait ainsi à Brest en février de mettre un terme «au règne de la terreur des mafias de la drogue, dont les crimes n'ont d'égal que l'idéologie islamisante à laquelle ils sont si souvent associés», et d'instaurer une légitime défense pour les forces de l'ordre.
Elle rejette régulièrement «le multiculturalisme», considérant que «l'immigration massive empêche l'assimilation». «Ne venez pas comme vous êtes mais devenez comme nous sommes», dit son lieutenant Jordan Bardella.
Sur le plan migratoire, son programme s'est «durci» depuis 2010, selon la Fondation. Elle prévoit pour 2022 d'inscrire dans la Constitution la «priorité nationale» qui privera les étrangers de plusieurs prestations. Elle veut aussi, comme Eric Zemmour, expulser les clandestins, les criminels et délinquants étrangers, et les fichés S étrangers, ainsi que les étrangers sans emploi depuis plus d'un an.
Sur la forme, vêtue de couleurs claires, souriant en permanence, la candidate a choisi de se présenter comme la «présidente de la paix civile», de «l'unité nationale».
Elle a quitté sa posture contestataire pour rire à gorge déployée sur les plateaux, met en avant son amour des chats, comme pour «mieux endormir le front républicain», ou parle confortablement installée dans des sofas, un «univers du moelleux» qui permet de «faire oublier la dureté de son programme», a estimé la Fondation.