Les autorités sanitaires ont constaté une recrudescence de cas de contamination à la bactérie Escherichia coli, en lien avec des pizzas de la marque Buitoni.
Qu’est-ce qu'Escherichia coli ?
Escherichia coli (E. coli) est une bactérie qui réside dans le tube digestif des hommes et des animaux au sang chaud. Si la majorité des souches de cette bactérie sont inoffensives, certaines peuvent toutefois causer des pathologies chez l’homme, notamment les souches «entérohémorragiques» (ECEH), qui peuvent provoquer un syndrome hémolytique et urémique (SHU), potentiellement mortel, qui se caractérise par des maux de ventre, des vomissements et de la diarrhée, parfois sanglante.
Les souches d’ECEH se développent dans les produits d’origine animale et peuvent donc provoquer des intoxications alimentaires.
Augmentation du nombre de contaminations
Depuis la mi-février, les autorités sanitaires ont constaté une augmentation des cas de SHU lié à une infection à E. coli. Ces cas, qui provoquent une insuffisance rénale, se manifestent chez les enfants. Deux d'entre eux sont morts à la suite de ces contaminations. Au total, selon le dernier décompte établi ce mercredi, 41 cas graves ont été identifiés et 34 supplémentaires sont en cours d'évaluation.
Ces 75 cas sont survenus dans 12 régions de France métropolitaine : Hauts-de-France (16 cas), Nouvelle Aquitaine (11 cas), Pays de la Loire (10 cas), Ile-de-France (9 cas), Bretagne (7 cas), Grand Est (5 cas), Auvergne-Rhône-Alpes (4 cas), Centre Val-de-Loire (4 cas), Provence-Alpes-Côte d’Azur (3 cas), Bourgogne Franche-Comté (2 cas), Normandie (2 cas) et Occitanie (2 cas).
Rappel de produits depuis la mi-mars
Le 18 mars dernier, l’entreprise Buitoni, appartenant au groupe Nestlé, a publié un communiqué invitant toutes les personnes ayant acheté des pizzas de leur gamme «Fraîch’Up» avant cette date à ne pas les consommer et à les détruire, après avoir été informée de la présence de la bactérie E. Coli dans la pâte.
Un rappel national a donc été émis par les autorités sanitaires. Ces produits étaient commercialisés dans de nombreuses enseignes de grande distribution (Auchan, Casino, Carrefour, Cora, Francap, Franprix, Intermarché, Leclerc, Lidl, Match, Monoprix, Système U).
#RappelProduit
Pizza Fraich'Up - Buitoni
Risques : Escherichia coli
Motif : Présence de bactéries E-coli dans la pâte d’une pizza surgelée de la gamme Fraîch’Uphttps://t.co/WMTw3soi74 pic.twitter.com/wMw648Qfbb— RappelConso (@RappelConso) March 18, 2022
Lien établi entre les pizzas et l’infection
Dans un communiqué publié ce mercredi 30 mars, la Direction générale de la Santé indique que «les analyses épidémiologiques, microbiologiques et de traçabilité ont confirmé un lien entre plusieurs cas et la consommation de pizzas surgelées de la gamme Fraîch’Up de la marque Buitoni contaminées par des bactéries Escherichia coli producteurs de Shiga-toxines.»
Elle invite les personnes ayant consommé ces pizzas à consulter un médecin dans les 10 jours pour «les personnes présentant de la diarrhée, des douleurs abdominales ou des vomissements» et dans les 15 jours pour «les personnes présentant des signes de grande fatigue, de pâleur, une diminution du volume des urines, qui deviennent plus foncées».
La DGS précise que si aucun symptôme ne s’est déclaré 15 jours après la consommation de la pizza, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Des tests réalisés dans une usine Nestlé
Puisque certaines des pizzas Buitoni contaminées à l'E.coli avaient été produites dans l'usine Nestlé de Caudry, dans le Nord, l'entreprise y a mené des tests.
Ce jeudi 31 mars, Pierre-Alexandre Teulié, directeur général de la communication de Nestlé France, a indiqué que 75 prélèvements ont été effectués sur la ligne de fabrication concernée et dans tout le bâtiment, afin de «trouver la cause de la contamination». Mais les résultats se sont révélés négatifs.
L'hygiène au sein de l'usine avait été mise en cause en mai 2021, avec la diffusion sur le site Mr. Mondialisation d'images montrant une chaîne de production souillée. S'il a reconnu que certaines photos semblent bien avoir été prises au sein du site de Caudry, Pierre-Alexandre Teulié a assuré qu'elles ne représentent pas «l'état normal, habituel ou acceptable de l'usine».
«Si cela correspond à une réalité», il ne pourrait s'agir que de situations ponctuelles, «après une panne» ou «lors du processus de nettoyage», a-t-il précisé, soulignant que des contrôles inopinés menés en septembre 2020 et mars 2021 n'avaient relevé aucun écart avec la réglementation.
De son côté, la fédération CGT de l'agroalimentaire dénonce une réorganisation de l'usine en 2015, qui aurait affecté l'hygiène. L'une de ses membres, Maryse Treton, développe : «Depuis, le temps de nettoyage est moindre, et effectué par des personnes moins bien formées. C'est ce qu'on dénonce depuis des années, chez Nestlé comme ailleurs».
D'après Nestlé, les chaînes sont nettoyées en profondeur pendant 5 heures après un maximum de 27 heures de production. Pour le moment, la société a fermé les deux sites de Caudry, où 200 personnes fabriquaient des pizzas commercialisées essentiellement en France.