Le policier auteur du tir mortel à Sevran a été mis en examen pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, par personne dépositaire de l'autorité publique et avec arme» et placé sous contrôle judiciaire ce samedi.
Dans un communiqué daté du 2 avril, le procureur de Bobigny a annoncé qu'après «un débat contradictoire, le juge des libertés et de la détention a finalement placé le fonctionnaire de police sous contrôle judiciaire».
Les magistrates en charge de l'instruction avaient initialement «saisi le juge des libertés et de la détention» en vue d'un placement en détention provisoire.
Ce contrôle judiciaire comporte plusieurs obligations notamment l'interdiction de sortir des limites du territoire national métroplitain, l'interdiction de détenir ou porter une arme ainsi que d'entrer en relation avec les témoins du dossier et la famille de la victime, précise le communiqué du procureur de Bobigny.
Les faits qui sont reprochés au policier de 32 ans, affecté à la brigade anti-criminalité (BAC) d'Aulnay-sous-Bois, peuvent entraîner une peine allant jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.
La garde à vue du fonctionnaire, auteur du tir qui a tué un homme de 33 ans lors d'un contrôle à Sevran, avait été prolongée jeudi 31 mars.
Le policier avait été placé en garde à vue la veille par les services de l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN). Son audition avait été retardée en raison de son hospitalisation alors qu'il était «en état de choc». L'agent avait été entendu mercredi par la «police des polices» peu après 14 h.
Les heurts se sont multipliés à Sevran
Quatre jours après les faits, les nuits ont été mouvementées dans les communes de Sevran, d'Aulnay-sous-Bois ainsi que Tremblay. Plusieurs individus ont manifesté leur colère notamment en incendiant des véhicules.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, treize containers poubelle ont été incendiés sur les communes de Sevran, Tremblay-en-France, Villepinte, Aulnay-sous-Bois, Bondy ainsi que Noisy-le-Grand. Deux véhicules ont également été incendiés, mais aucune arrestation n'a été effectuée.
D'après son communiqué, le procureur de la République de Bobigny confirme que le policier a fait feu à une seule reprise. Le chauffeur du camion est décédé quelques heures plus tard de ses blessures, provoquées par le tir. Une information confirmée hier par l'autopsie du corps du chauffeur.
Une «marche blanche» se tiendra demain matin, samedi, en mémoire de la victime prénommée Jean-Paul, au départ d'Aulnay-sous-Bois.