Dans son édito de ce vendredi 17 mars, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, se penche sur le salaire des Français.
Là encore, il, faut le dire, la France est mal classée. Quand on part du salaire qu’on appelle le «super brut» c’est-à-dire la totalité de ce qui est payé par l’employeur et donc qu’on considère ce super brut comme 100% du salaire, et en partant sur un salaire super-brut moyen en France autour de 52 000 euros, on voit très clairement dans les chiffres de l'OCDE que la France est le pays le plus cher en charges employeur avec le record de 26,6% du super brut ! C’est beaucoup plus que la moyenne dans l’Union Européenne qui est de 17,7%.
Dans ces charges, il y a des cotisations retraite, maladie, famille, accident du travail.
Des cotisations salariales en plus des cotisations patronales
C’est là que cela devient un peu plus compliqué. Sur le papier, les cotisations salariales en France ne sont pas élevées. Si on prend les chiffres de l'OCDE, on est à 8% du salaire super brut alors que la moyenne de l'UE est à 10%.
Mais nous avons une spécificité française que nos compatriotes connaissent bien : la CSG (contribution sociale généralisée dont le taux normal est aujourd’hui de 9,2%). Et si on ajoute donc la CSG aux cotisations sociales, c’est plutôt selon nos chiffrages de la Fondation iFRAP 15% du super brut et non 8% et cela change beaucoup de choses !
Le taux d’impôt sur le revenu moyen par rapport au salaire net pour un célibataire sans enfant est d’environ 12% et donc il faut le prendre en compte évidemment. Et là on est un peu en dessous de la moyenne UE qui est presque à 14%.
Si on prend tout en compte, cotisations employeur, salariales, CSG CRDS et impôt sur le revenu, on arrive à un reste de 46,7% environ qui arrive dans la poche du salarié. En clair, sur 100 euros payés par l’employeur uniquement 46,7 euros arrivent au salarié.
Il faut souligner ici que parmi les pays de l’OCDE c’est le montant le plus faible de net sur le salaire. La moyenne OCDE est de 65% et la moyenne UE est de 58,5. Bref, la France est la lanterne rouge en matière de ce qu’il reste au salarié pour un salaire moyen. En Belgique c’est 48 euros, en Allemagne 51 euros, en Italie 54, en Espagne 60 euros.
Un argument de poids pour faire évoluer notre modèle social et faire baisser les dépenses car tout ce qui part en dépenses supplémentaires est mécaniquement prélevé sur les salaires des Français.