Commandée par la présidente de la région Île-de-France et candidate à l'élection présidentielle Valérie Pécresse, une étude dévoilée ce mardi 15 mars fait le point sur l'impact du télétravail sur les inégalités femmes-hommes. Il en ressort que les femmes souffrent davantage du télétravail que les hommes.
«Les conditions de travail résultant de la crise ont été encore plus pénibles et délicates pour les femmes», synthétise cette étude réalisée par le centre Hubertine Auclert, l'institution francilienne pour l'égalité femmes-hommes, qui souligne que «ce télétravail "dégradé", c'est-à-dire non anticipé et non désiré», et le tout «dans un contexte préoccupant», n'a pas eu le même effet sur les femmes et sur les hommes».
L'homme dans le bureau, la femme dans le salon
Déjà, en termes d'espaces de travail, les femmes ont été davantage obligées de télétravailler en présence d'autres membres de leur famille, alors que les hommes étaient plus nombreux à bénéficier d'un espace seul. Ainsi, pendant le confinement, 47 % des hommes et seulement 29 % des femmes bénéficiaient d'«une pièce dédiée au travail dans laquelle s'isoler».
Logiquement contraintes de s'installer au milieu du salon, elles étaient donc davantage sollicitées. Elles sont 44 % à avoir indiqué ne pas pouvoir travailler au calme, contre 31 % des hommes. Selon l'étude, le télétravail a souvent été synonyme de «suppression des frontières géographiques entre le travail et la vie personnelle».
Pire, durant les confinements, 87 % des femmes ont été confrontées à la «double peine» de devoir télétravailler tout en s'occupant du ou des enfants, contre 76 % des hommes. Résultat, elles sont 36 % à avoir vu leur charge de travail augmenter, et 24 % à être concernées par une hausse du temps de travail, contre respectivement 29 % et 20 % du côté des hommes.
Un risque d'épuisement, de burn-out
Une réalité inhérente à un problème plus ancien et plus profond : la mauvaise répartition des tâches dans les foyers, qui prévaut depuis des décennies. En 2010, selon l'Insee, la majorité des femmes disaient effectuer une «deuxième journée», avec un temps de travail domestique et parental atteignant 34 heures par semaine, contre 18 heures pour les hommes.
Et le risque premier, selon l'étude, est tout simplement de s'épuiser moralement et physiquement, alors que 34 % des femmes affirment être plus fatiguées en télétravail qu'en présentiel, et que 20 % confiaient être à la limite du burn-out. L'apparition de douleurs physiques (maux de tête, gêne oculaire...) ont même touché 38 % des femmes et 25 % des hommes.
Mais pour autant, l'étude souligne les aspects positifs du télétravail, qui pourrait même «agir comme correcteur des inégalités», et rappelle que «plus de 90 % des personnes ayant fait l'expérience du télétravail désirent poursuivre sa pratique».
Le centre francilien pour l'égalité femmes-hommes Hubertine Auclert souligne en effet qu'«en apportant plus d'autonomie et de souplesse» à cette pratique, le télétravail pourrait permettre une meilleure «insertion professionnelle» ainsi qu'une «reconfiguration de l'accès aux postes à responsabilités» et ce, y compris pour «les femmes les moins mobiles».