Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) organise, ce jeudi 24 février au soir, son traditionnel dîner. Une édition 2022, année de présidentielle, à laquelle ni Marine Le Pen (RN), ni Eric Zemmour (Reconquête) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) n’ont été conviés.
«Le dîner du Crif est un dîner républicain et à la table républicaine, les extrêmes n'ont pas leur place», avait ainsi affirmé, le 13 février dernier dans les colonnes de l'Opinion, Francis Kalifat.
«Par ses positions extrêmes», Eric Zemmour «s'est placé à la droite de Marine Le Pen. Par ses tentatives de réécriture de l'Histoire, il s'est installé en chef de file du révisionnisme dans notre pays», avait ajouté le président de l'institution.
Des propos que Francis Kalifat a réitéré hier auprès de l'Agence France-Presse, en précisant que les extrêmes sont, selon lui, «dangereux pour la France et dangereux pour les Juifs. L'Histoire nous l'a montré.»
Annulé deux années de suite pour cause de pandémie, cette 36e session réunira toutefois ce soir certains prétendants à la fonction suprême
Alors que sa présence était au départ annoncée, Emmanuel Macron, dont la candidature à sa réélection est imminente, n'assistera finalement pas, non plus, à ce dîner organisé à Paris. Le président sortant doit en effet se réunir (virtuellement) avec les autres chefs d’Etat du G7 pour décider des nouvelles réponses à apporter au président russe, Vladimir Poutine, accusé de préparer l’invasion de l’Ukraine. Dans ce contexte, le Premier Ministre, Jean Castex, le remplace au pied levé et prononcera un discours.
Anne Hidalgo, maire de Paris et candidate du Parti socialiste (PS), Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et candidate des Républicains, ainsi que le candidat d’Europe Écologie Les Verts, Yannick Jadot, seront également là. Fabien Roussel, candidat du Parti communiste français, avait lui aussi reçu une invitation mais ne pouvait se rendre au dîner pour cause de meeting.
L'événement comptera enfin sur la présence de plusieurs dignitaires religieux, d'autres personnalités politiques, des diplomates ou encore des journalistes, des syndicalistes et des artistes.
La lutte contre l’antisémitisme abordée
Parmi les nombreux thèmes qui seront abordés au cours de cet événement, la lutte contre l’antisémitisme occupera une place de choix et notamment la stratégie à mener pour y parvenir correctement. «La stratégie, à travers des plans globaux de lutte contre différentes haines, n'est pas la bonne», estime Francis Kalifat, «il faut passer à une stratégie ciblée, parce que chacune des haines répond à des ressorts différents.»
Si le président du Crif reconnaît que la lutte contre les différentes haines, dont l’antisémitisme, est «une préoccupation des gouvernements», il remarque que le bilan est mauvais estimant à 74% le nombre de plaintes déposées pour actes antisémites entre 2020 et 2021. Un chiffre que réfute le ministère de l’Intérieur qui souligne une diminution de 14% en 2021 par rapport à 2019 et qui rappelle que l’année 2020 ne peut être représentative du fait de la crise sanitaire.
Il y a deux ans, le Crif avait mis en place un «observatoire de la haine antisémite en ligne», qui recense environ «50.000 à 60.000 contenus haineux chaque année» sur la Toile, explique encore Francis Kalifat.