C'est l'une des mesures phares de la politique de sécurité en Ile-de-France : les Brigades régionales de sécurité (BRS) dans les lycées sont pourtant dans le viseur de l'Etat, à quelques jours de la présidentielle. La présidente de la région et candidate à l'élection Valérie Pécresse n'a pas l'intention de se laisser faire.
Dans un courrier daté du 18 janvier et adressé à Valérie Pécresse, Marc Guillaume, le préfet de Paris et d'Ile-de-France, a tout bonnement demandé à la présidente de la région d'annuler la délibération votée par le conseil régional en 2018, visant à «financer la création de Brigades régionales de sécurité».
Officiellement lancées en 2019, celles-ci ont été imaginées pour, selon les textes officiels, «assister les lycées dans l’élaboration des diagnostics de sécurité et protéger leurs bâtiments lors d’événements extérieurs». Concrètement, ce sont aujourd'hui 5 brigades de 5 agents, répartis sur l'ensemble du territoire, pour assurer la sécurité aux abords des lycées, et ce, à la demande du chef d'établissement.
Alors que cette politique a été mise en place depuis plusieurs années, et que la région avait annoncé en septembre 2021 vouloir doubler les effectifs de ces brigades, portant le nombre de brigades à 10 et d'agents à 50, que lui reproche le préfet ? Le fait que la «compétence en matière d'ordre public» revient normalement «au maire et au préfet de département».
«Le fondement juridique d'un financement [de ces BRS, ndlr] fait également défaut», avait également fait savoir le préfet, se rapportant à un récent rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) qui avait considéré que ces BRS n'avaient «pas de fondement légal». Et ce, dans la mesure où cette mission étant confiée à l’Etat, en mesure de déployer ses propres équipes mobiles de sécurité (EMS).
Valérie Pécresse réaffirme sa politique
Dans une motion présentée ce mercredi 16 février en séance plénière du conseil régional, l'exécutif a de son côté souhaité «réaffirmer l’action de la Région en matière de sécurité dans les lycées». «Nous nous étonnons que, à quelques semaines d’échéances électorales nationales, le préfet de région prenne soudainement une initiative visant à remettre en cause le bouclier de sécurité, après 6 années d’application de cette politique», peut-on lire dans cette motion signée par Valérie Pécresse.
Et de rappeler que, depuis leur création, les Brigades régionales de sécurité «ont réalisé près de 1.400 interventions» dans les lycées franciliens, à chaque fois sur demande expresse des proviseurs, chefs d’établissement, qui relèvent hiérarchiquement de l’Etat», démontrant selon l'élue francilienne «toute leur utilité pour la communauté éducative».
En outre, elle soutient également que «les dégâts» liés aux blocus d'établissements «ont drastiquement diminué, avec en 2021 seulement 6 plaintes déposées pour des dégradations dans les lycées franciliens», contre «près de 130 plaintes avec constitution de partie civile de la part de la région en 2018, après des manifestations qui avaient causé «plus de 1,7 million d'euros de dégâts».
Sans sourciller, et se sentant attaquée en pleine campagne à l'élection présidentielle, Valérie Pécresse a ainsi tenu à réaffirmer que la région était «compétente pour agir pour la sécurité dans les lycées grâce à l’action des Brigades régionales de sécurité», et n'a aucunement l'intention de les abandonner. Au total, elle soutient avoir – dans le cadre de la mise en place de son «bouclier de sécurité»– mobilisé d'importants moyens, avec «un budget d’investissement consacré à la sécurité multiplié par cinq en 6 ans pour atteindre 35 millions d'euros en 2022».