L'incinérateur Ivry-Paris XIII, connu pour être le plus grand incinérateur d'Europe, fait mauvaise figure. Une récente étude dévoilée ce lundi 7 février fait en effet état de niveaux de dioxines «exceptionnellement élevés», parmi les plus importants du continent, autour du site. Le maire d'Ivry-sur-Seine réclame la tenue d'un conseil syndical extraordinaire.
Selon une étude réalisée par la fondation ToxicoWatch et dévoilée par Le Monde, cet incinérateur – qui traite les déchets d'une grande partie des arrondissements parisiens ainsi que de 14 communes situées au sud de la capitale – affiche des taux de dioxines «exceptionnellement élevés», avec des échantillons qui oscillent entre 1,2 pg/g et 4,90 pg/g. Soit des niveaux quatre fois supérieurs aux résultats officiels communiqués par Suez. Le groupe, qui exploite l'incinérateur, parle en effet de son côté de résultats compris entre 0,3 et 1,2 pg/g.
A titre de comparaison, ces niveaux de dioxines prélevés autour de l'incinérateur francilien seraient «deux à quatre fois supérieurs qu'à ceux mesurés autour d'incinérateurs belges ou espagnols» selon le toxicologue et directeur de ToxicoWatch, Abel Arkenbout, interrogé par Le Monde. Or, les dioxines sont des polluants organiques particulièrement persistants dans l'environnement.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), elles sont en effet «très toxiques» et peuvent «provoquer des problèmes au niveau de la procréation, du développement, léser le système immunitaire, interférer avec le système hormonal et causer des cancers». Inscrites sur la liste noire des composés chimiques les plus préoccupants, elles sont classées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer.
Vers la tenue d'un conseil syndical extraordinaire
«Les taux de pollution aux dioxines, tels qu'exposés dans le journal Le Monde, sont particulièrement alarmants», a immédiatement réagi Philippe Bouyssou, le maire (PCF) d'Ivry-sur-Seine, qui note que ces mesures, si elles sont vérifiées, «seraient largement supérieures aux normes environnementales et sanitaires en vigueur, ainsi qu’aux mesures menées par l’exploitant de l’usine et les services de l’État». L'élu communiste réclame donc «une lecture sur le fond de ces données [...] par les autorités sanitaires, et ce, «dans les plus brefs délais».
Communiqué de presse - Niveaux de dioxines autour de
l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII : Philippe
Bouyssou sollicite l’organisation d’un
Conseil syndical extraordinaire du Syctom. pic.twitter.com/QM3PTgYsTC— Ville d'Ivry (@mairieivry) February 7, 2022
Dans un communiqué diffusé ce lundi 7 février, ce dernier a donc sollicité la présidence du Syctom afin qu'un «conseil syndical extraordinaire soit organisé au plus vite». «Cette rencontre doit permettre à l'ensemble des élus d'acter les mesures opérationnelles qui seraient à prendre», a-t-il ainsi fait savoir, ajoutant qu'il serait «particulièrement attentif aux conclusions de cet échange, et ferait acte de transparence tout au long de ce processus».
Suite à la publication de ToxicoWatch sur les rejets de l’incinérateur d'Ivry- Paris 13, nous avons demandé avec @jerome_coumet que @LeSyctom communique, en transparence, tous les éléments de mesure et de contrôle pic.twitter.com/VWhFgVQxh2
— Colombe Brossel (@cbrossel) February 8, 2022
Ce mardi, la municipalité parisienne a réagi à son tour – par la voix de Colombe Brossel, l'adjointe à la mairie de Paris chargée de la gestion des déchets – pour réclamer que le Syctom «communique, en transparence, tous les éléments de mesure et de contrôle». Cette dernière a également assuré que les élus parisiens «se réuniraient ce vendredi [11 février, ndlr] pour échanger en toute transparence sur les mesures correctives à prendre le cas échéant».
Construit en 1969 puis modernisé en 1995 et 2005, le centre d’incinération à Ivry/Paris XIII réceptionne les ordures ménagères de 14 communes du territoire de l’agence métropolitaine des déchets ménagers. Selon le Syctom, le traitement des fumées réalisé au centre à Ivry/Paris XIII garantit pourtant «des émissions bien inférieures à la réglementation européenne en vigueur», sachant que «les rejets atmosphériques sont contrôlés en continu par l’exploitant grâce à des analyseurs placés en cheminée».