Les candidats Éric Zemmour et Marine Le Pen ont donné, quasi simultanément, deux meetings hier samedi 5 février. Le premier a ouvert le bal à 15h à Lille. La seconde s'est exprimée depuis Reims en début de soirée.
L'ancien polémiste et candidat de Reconquête a donné le ton depuis la cité nordiste sur le volet économique en critiquant samedi après-midi «l'assistanat» qui, selon lui, favorise l'immigration.
Alors que plusieurs centaines de manifestants antiracistes ont manifesté dans les rues de Lille, avec quelques tensions et tirs de gaz lacrymogènes, Eric Zemmour, face à 8.000 partisans conquis réunis au Grand Palais de Lille, a tenu un discours axé sur le pouvoir d'achat pour «donner l'espérance» que «la France du travail attend». «Ici encore plus qu'ailleurs, l'assistanat (des aides sociales) est une insulte», a-t-il fustigé.
De son côté, à Reims, Marine Le Pen a pris le soin de ne pas citer son principal concurrent de droite dure pour plutôt s'en prendre - et violemment - à Emmanuel Macron, «ce prétendu Mozart de la finance qui n’a réussi à composer qu’une symphonie dramatique, laissant une dette augmentée de 600 milliards d’euros», a-t-elle lancé.
«On nous avait promis un crack, mais le seul krach que nous avons eu est financier », a-t-elle encore asséné, avant d'ajouter que, selon elle, «le macronisme est la synthèse terrible du cynisme et de l’injustice. C’est une machine à broyer les espoirs sous couvert de progressisme. Emmanuel Macron n’est pas seulement méprisant, il est déprimant».
Marine Le Pen et Eric Zemmour au coude à coude
Marine Le Pen, qu'un dernier sondage donne à égalité avec son rival Eric Zemmour (14%) derrière Valérie Pécresse (16,5%) et Emmanuel Macron (24%), a accusé le président Macron d'être responsable de la «régression» d'une France «polytraumatisée», «abandonnée» et «ensauvagée».
Une lourde charge qui a tranché avec la fin de son discours conclu sur une note plus personnelle, exercice rare pour elle, au cours duquel elle a évoqué son parcours confessant «avoir parfois échoué», «être tombée» et «s'être toujours relevée».
Peut-être de quoi clore pour Marine Le Pen une séquence pour le moins mouvementée avec des défections en série au profit d'Eric Zemmour. Malgré le départ de trois eurodéputés et de conseillers régionaux pour le camp de son adversaire, Marine Le Pen l’avait d'ailleurs affirmé en amont de son rassemblement : le temps, a-t-elle dit, est à «l’efficacité et la sérénité».
Dans une interview au Figaro, le 3 février dernier, la candidate avait pourtant reproché à son rival «d’attirer des personnages sulfureux» issus de l’ancien Front national : «des catholiques traditionalistes, des païens et quelques nazis».
Mais «lassée du bruit et de la fureur», la candidate RN dit vouloir désormais insister sur «des solutions concrètes» en relançant sa campagne à Reims, où elle a pu compter sur quelque 4.000 militants.
Marine Le Pen a enfin pu compter sur un message vidéo de soutien du Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui l’avait reçue à l’automne. Reste à savoir si ce «gage de sérieux», lui permettra de faire la différence et changer la donne.