Déjà émoussé par la crise qui secoue le milieu scolaire, fatigué des règles à répétition qui lui sont imposées, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, est secoué à nouveau par la révélation de sa présence à Ibiza lorsqu’il a annoncé le dernier protocole sanitaire. Une accumulation qui met en danger sa place au gouvernement.
Si le sujet de ses vacances est plus futile et porte avant tout sur une question de symbole, de forme, plutôt que de fond, il n’en reste pas moins un véritable point d’irritation pour des Français à qui l’on demande de multiplier les «sacrifices». Apprendre que le ministre se trouvait aux Baléares au moment de dicter de nouvelles contraintes dans les écoles peut donc être la goutte d’eau faisant déborder le vase d’exaspération de certains.
Logiquement, la stature de celui qui était particulièrement apprécié dans le gouvernement, présenté comme le protégé de Brigitte Macron, qui l’a toujours défendu (encore récemment, en pointant que les protocoles sanitaires imposés à l’école ne sont pas de son fait mais de scientifiques), s’en trouve amoindrie. Et les demandes de démission se multiplient.
Le temps paraît loin où son nom était même avancé lorsqu’il fallait trouver un successeur à Edouard Philippe, pour s’installer à Matignon.
Sa place au gouvernement menacée ?
Est-il pour autant devenu un «paria» dont il faut se séparer ? Rien n’est moins sûr, pour Bruno Jeanbart, vice-président d’OpinionWay. «La question est de savoir si il va être personnellement tenu responsable de la crise à l’école ou si la situation va finir par rejaillir sur le président», anticipe-t-il. «Nous sommes dans un contexte très particulier, avec une élection présidentielle qui arrive. Il y a donc une grande réticence à se séparer d’un tel ministre. Cependant, si l’affaire dure et reste sur le devant de la scène plusieurs jours, cela pourrait changer».
Et de rappeler que Jean-Michel Blanquer, qui plaît plutôt à la droite LR, doit (ou devait) être un atout pour Emmanuel Macron pour sa réélection à l’Elysée (même s’il n’est pas encore officiellement candidat).
«Si Emmanuel Macron se rend compte qu’il perd des intentions de vote à cause de cette séquence, il peut prendre une décision radicale. Mais si le président est protégé, Jean-Michel Blanquer restera», affirme Bruno Jeanbart.
Reste qu’à moins de trois mois du premier tour, le gouvernement et l’ensemble du camp macroniste se seraient bien passés d’être bousculés par l’un des pions censés être parmi les plus forts de leur échiquier.