A L’Île-Bouchard, en Indre-et-Loire, un quartier destiné aux chrétiens est en projet. Mais l'idée interroge certains habitants et élus, voire suscite une certaine polémique.
Le projet est porté par l'entreprise immobilière Monasphère. Fondée fin 2020 par Damien Thomas – ancien directeur du Sanctuaire Louis et Zélie Martin, à Alençon - et Charles Wattebled – ancien musicien -, celle-ci a ainsi souhaité créer des lotissements proches des lieux de cultes destinés à la communauté catholique.
La première exécution de ce projet se fera donc à l’Île-Bouchard (37). Sur Internet, le quartier est décrit comme : «Au cœur de la Touraine, sous le voile de la Vierge et à l’ombre de l’Ange».
Intitulé «Clos Saint-Gabriel», le hameau sera constitué de 17 habitations de 84 à 180 m².
Le terrain a été acheté en 2021 et le projet a été validé par la mairie ainsi que par un architecte des Bâtiments de France. Aujourd’hui, Monasphère attends que le permis de construire soit délivré.
Le risque du communautarisme pointé du doigt
Selon Damien Thomas, «pas moins de 150 personnes» ont déjà contacté l’entreprise. De plus, le site internet compte pas moins de «13.000 visites en trois semaines» et «2.500 dossiers» ont déjà été téléchargés.
Cependant, si certains sont enthousiastes, ce n’est pas le cas de Guy Jouteux, conseiller municipal de l’opposition : «Certaines personnes le perçoivent (le projet, ndlr) comme étant une mainmise de plus en plus importante de la Communauté de l’Emmanuel sur le village de L’Île-Bouchard.»
La Communauté de l’Emmanuel est une association religieuse publique et internationale. «Elle rassemble des laïcs (mariés, célibataires, consacrés dans le célibat) et des prêtres, qui vivent au cœur du monde et se mettent ensemble au service de la mission de l’Église catholique par l’adoration, la compassion et l’évangélisation.», selon leur site.
Jusque-là, c’était la Communauté de l’Emmanuel qui était propriétaire du terrain où va naître le quartier du Clos Saint-Gabriel. De plus, c’est également la communauté qui est en charge de la gestion de l’église Saint-Gilles, à un kilomètre du futur quartier.
Interrogé sur l’aspect communautariste du projet, François de Laforcade, paroissien du Sanctuaire de L’Île-Bouchard, admet que le projet peut être perçu comme tel, mais il affirme qu’une «mixité va se faire.»
A ce sujet, Damien Thomas s’est voulu rassurant: «On a une base où il y a beaucoup de chrétiens, mais pas que. On fonctionne comme un promoteur normal. […] On est ouvert à tous. On ne va pas demander aux gens s’ils se signent à la messe le dimanche pour acheter une maison !»
De nouvelles arrivées qui peuvent être bénéfiques
De son côté, la maire de l’Île-Bouchard, Nathalie Vigneau, ne souhaite pas prendre parti. Néanmoins, la potentielle arrivée de 17 familles ne lui déplairait pas.
Récemment, une classe d’école primaire a dû fermer par manque d’enfants dans le village. L’emménagement de ces familles permettra de «faire augmenter la population et accueillir des enfants dans nos écoles, ce n’est que bénéfique pour nous», a déclaré Nathalie Vigneau à la Nouvelle République.