Le 16 décembre 2020 à l’aube, Delphine Jubillar était déclarée disparue par son mari, Cédric. Un an après, alors que ce dernier est incarcéré et considéré comme suspect principal, l’enquête peine à faire la lumière sur ce qui est arrivé à l’infirmière. Faute de preuve irréfutable, d’aveux et de corps retrouvé, elle reste ouverte à toutes les supputations, alimentées par de nombreuses révélations dans la presse.
Malgré les nombreuses recherches pour tenter de retrouver la trace de Delphine et une perquisition de la maison du couple, l’affaire s’était d’abord calmée quelques mois, le temps que les premières investigations soient digérées. Puis, le 18 juin 2021, alors qu’il avait participé à des battues et à une marche blanche parmi les proches de sa femme, Cédric Jubillar a été mis en examen et écroué, pour homicide volontaire.
Le procureur de la République a alors décrit un couple en situation de divorce, «très conflictuel». Delphine avait un amant, ce qu’aurait appris son mari, qui se montrait alors «intrusif», parfois «brutal et agressif». Une dispute violente aurait par ailleurs éclaté le soir du 15 décembre et Cédric avait été retrouvé par les gendarmes, à leur arrivée à l’aube (4h50), en train de laver la couette de sa femme dans la machine. Un comportement étrange, selon les enquêteurs, à qui il avait initialement expliqué s’être rendu compte seulement à 4h du matin qu’elle n’était pas rentrée de sa promenade avec les chiens (alors qu’elle a été décrite comme ne s’en occupant jamais), débutée la veille à 23h.
Les premiers éléments et le mari en prison
D’autres éléments, comme le peu de pas effectués par le mari avant de prévenir la police, alors qu’il était censé la chercher, le déplacement de la voiture de Delphine ou les «explications évolutives, pour ne pas dire contradictoires, infirmées parfois par des témoignages ou des éléments scientifiques», selon le procureur, l’ont conduit derrière les barreaux.
Depuis, Cédric Jubillar ne cesse de clamer son innocence et de réclamer sa libération. Toutes ses demandes ont été rejetées, la dernière le 22 novembre dernier, déclenchant la colère de ses avocats. Ils ont dénoncé une «détention abusive» et n’ont pas hésité pas à pointer le manque d’éléments tangibles pour justifier la suspicion des juges d’instruction contre leur client.
Des révélations qui s’accumulent
Au fil des semaines et des mois, l’affaire est devenue un feuilleton que les révélations de la presse alimentent. La découverte d’un amant en a notamment fait partie, celui-ci indiquant avoir été en couple avec Delphine depuis six mois avant la disparition. Une photo de lui aurait d’ailleurs été retrouvée sur le portable de Cédric. De quoi faire douter les enquêteurs quand il leur disait ne pas savoir si sa femme avait une relation extraconjugale. Son avocat a apporté sa réponse : l’image lui aurait été envoyée par une amie de Delphine, mais après la disparition. Raison pour laquelle il ne pouvait pas aborder ce sujet lors de son audition.
La femme de l’amant est elle aussi entrée soudainement dans le dossier. Les gendarmes auraient en effet découvert qu’elle a effectué 145 communications (appels, messages, whatsapp…) vers un numéro qui n’a pas pu être identifié. Le tout entre le 14 décembre à minuit et le 16 décembre à 14h. Soit la période entourant la disparition. Par ailleurs, alors qu’elle avait dit aux enquêteurs n’avoir envoyé que deux SMS à Delphine, ceux-ci se sont finalement rendu compte qu’elle avait en réalité communiqué à 25 reprises avec elle, et ce seulement pour le 15 décembre. Une révélation logiquement reprise par les avocats de Cédric Jubillar pour tenter de braquer les projecteurs sur cette femme trompée. La décrivant comme «piquée au vif», ils se sont interrogés publiquement sur ces «incohérences dans le dossier qui n’ont pas été vérifiées».
Cédric Jubillar, coupable ou innocent ?
Au détriment du mari, les enquêteurs se sont appuyés (entre autres), sur le témoignage du fils du couple, âgé de seulement 6 ans. Il leur aurait déclaré avoir entendu le soir de la disparition une dispute et «des gros mots» entre ses parents, se terminant par : «puisque c’est comme ça, on va se séparer». «Si l'accusation en est à vouloir à tout prix faire reposer sur l'enfant des éléments d'accusation, c'est que vraiment le dossier ne tient pas», avait immédiatement répliqué l’avocat de Cédric Jubillar.
De même, des paroles captées via le téléphone sur écoute de la sœur de Cédric Jubillar ont semé le trouble, puisqu’il lui racontait : «de toi à moi, je suis le meurtrier parfait pour l’instant, n’oublie pas que j’ai commis le crime parfait. Si tu as besoin de conseils…» Des mots en forme d’aveu ou bien sortis de leur contexte et qui se voulaient ironiques, voire humoristiques ? La petite sœur de l’accusé a expliqué lors de son interrogatoire qu’il s’agissait d’«une rigolade, un délire».
Au fur et à mesure de ces rebondissements, certains y ont vu l’assurance de la culpabilité du mari dans la disparition de sa femme, d’autres l’insistance des enquêteurs et des magistrats à vouloir lui faire porter à tout prix la responsabilité d’un fait, sans chercher à envisager d’autres pistes.
Alors que de nouveaux éléments ne cessent d’affluer, avec la récente découverte dans la nature d’une écharpe rose ayant pu appartenir à Delphine Jubillar, le flou autour de l’affaire semble plus fort que jamais.