Engluée en fond de sondage, sans dynamique laissant croire à une remontée, la gauche se cherche un sauveur. Et comme souvent, le nom de Christiane Taubira, qui bénéficie toujours d’une bonne image de ce côté de l’échiquier politique, revient avec insistance.
Le calcul n’est pas très compliqué pour comprendre pourquoi l’ancienne ministre de la Justice est toujours mise en avant dans les moments difficiles. Elle est tout simplement la personnalité politique préférée des sympathisants de gauche. La seule à obtenir une majorité d’adhésion (54%), selon le baromètre Odoxa publié ce mardi. Elle devance largement Jean-Luc Mélenchon (42%) et Yannick Jadot (41%).
A noter que les autres candidats déclarés à la présidentielle, Anne Hidalgo (34%), Arnaud Montebourg (32%) et Fabien Roussel (24%) sont encore plus loin derrière, classés même derrière des personnalités estampillées «de droite», comme Roselyne Bachelot ou Edouard Philippe (respectivement 40% et 35%).
Les votants de la «primaire populaire», qui tentent absolument de réaliser une union de la gauche, ont d’ailleurs désigné d’emblée Christiane Taubira pour faire partie des dix propositions disponibles au vote (qui doit avoir lieu en janvier). Sans qu’elle ait demandé à y participer.
UNE UNION DE TOUTE FAÇON IMPOSSIBLE ?
Reste que pour l’imaginer sauver la gauche, encore faut-il savoir de quelle gauche il s’agit. En effet, entre le communiste Fabien Roussel ou l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, les socialistes Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg, ou encore l’écologiste Yannick Jadot, le spectre idéologique est vaste et des points de désaccords sont extrêmement forts (sur la conception de la laïcité, par exemple). Il semble improbable de voir Christiane Taubira capable de rassembler aussi largement, d’autant plus que les militants sont pour beaucoup farouchement attachés à leur champion respectif.
Il faudrait également que tous se couchent pour laisser la place à l’ancienne ministre. Une chose qui semble, là encore, plus qu’hypothétique. Car si Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg se sont déclarés pour une primaire de la gauche, Yannick Jadot martèle qu’il n’y participera pas, préférant que les socialistes se rangent derrière les écologistes. Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel ont eux aussi refusé l’idée.
Les raisons sont donc nombreuses, à quatre mois du premier tour de la présidentielle, pour tordre l’hypothèse d’une Christiane Taubira en meneuse d’une gauche unie. D’autant que la principale concernée n’a encore jamais affirmé qu’elle était intéressée par la mission. Mais cela pourrait vite changer. Selon l'Express, l'ancienne garde des Sceaux a prévu de publier une «lettre aux Français» avant Noël. Un premier pas ?