Déjà confrontée à des problèmes récurrents d'approvisionnement en eau potable, l'île française de l'océan indien doit faire face à un nouvel incident qui touche le nord-est du département ultramarin.
En raison d'un excès de manganèse détecté dans l'eau du robinet dans cette partie de Mayotte, sa consommation a été déconseillée aux jeunes enfants, a indiqué la Société mahoraise des eaux, dans un communiqué daté du 20 novembre. Cette mesure affecte le quotidien des 120.000 habitants de cette région du Nord-Est de l'île.
Chargée de l'alimentation et de la distribution de l'eau potable, cette filiale de Vinci, a indiqué que cet excès de manganèse provenait de la retenue de Dzoumogné, qui avec une capacité de stockage d'environ 2 millions de m3 constitue l'une des principales ressources en eau à Mayotte. Le problème est qu'en aval, la station de traitement d'eau potable de Bouyouni n'a pas de dispositif prévu pour traiter le manganèse.
LE PROBLème de l'eau de Mayotte : un mal récurrent
Mais cet incident n'est qu'un épisode de plus dans la problématique de l'eau qui touche de manière répétée ce département d'outre-mer. En raison de la faiblesse du niveau de ses nappes phréatiques, de ses rivières, de ses forages ainsi que des dysfonctionnements de son usine de dessalement d'eau de mer de Padmanzi, Mayotte doit faire face régulièrement à des pénuries d'eau.
En effet, depuis plus d'un mois, les Mahorais subissent des restrictions d'eau et doivent s'adapter à des « tours d'eau », c'est-à-dire une rotation par secteurs géographiques des coupures d'eau de 17H00 à 7H00. De plus, la vétusté du réseau de canalisations sur l'île n'arrange rien au problème.
Mayotte avait déjà connu en 2016 et 2017, une crise de l'eau avec des coupures qui avaient duré plus de 3 mois, en raison de la sécheresse et d'une arrivée plus tardive de la saison des pluies. Cela avait débouché sur l'adoption par le gouvernement en 2017, d'un plan urgence eau Mayotte.
Ce plan prévoyait l'interconnexion des deux retenues de Dzoumogné et Combani, le rehaussement de cette dernière, la construction d'une usine de dessalement en Grande Terre ainsi que l'investissement de 5,5 millions d'euros pour le syndicat intercommunal d'eau et d'assainissement (SIEAM). Bien que la majeure partie des travaux a été réalisée, ceux concernant la troisième retenue, programmée il y a vingt ans, n'ont toujours pas été finalisés, au moment où le SIEAM devenu Syndicat mixte d'eau et d'assaissinement de Mayotte connait de graves difficultés financières.
La situation avait alerté la Chambre régionale des comptes dans son dernier rapport, et une enquête du parquet national financier a par ailleurs été ouverte.