Un chasseur de 70 ans a été attaqué par une ourse, ce samedi 21 novembre, alors qu'il participait à une chasse au sanglier à Seix (Ariège). Mordu aux jambes, l'homme a fait feu et tué l'animal.
«Il doit sa vie au talkie-walkie et à l’intervention d’une participante à la battue qui est pompier volontaire à Seix et qui est arrivée rapidement. Elle a mis des points de contention rapidement sur les blessures qu’il avait aux jambes car [l'ourse] les a déchiquetées», a témoigné Jean-Luc Fernandez, président de la fédération de chasse de l’Ariège, à La Dépêche du Midi.
Evacué vers l'hôpital de Foix puis transféré au CHU de Toulouse, le chasseur aurait été attaqué «dans son dos» par l'animal et traîné «sur quinze mètres». Mordu à la jambe, il a tiré à deux reprises avec sa carabine.
Selon les dires du chasseur, la femelle était accompagnée de ses petits. L’ourse a été retrouvée morte à quelques mètres des lieux où le chasseur a été secouru. Une enquête judiciaire a été ouverte sur les circonstances de cet accident.
Le débat sur l'ours relancé
«C'est vraiment ce que l'on redoutait. Aujourd’hui, on voit bien que la cohabitation, c'est compliqué», a déclaré samedi la présidente du conseil départemental de l'Ariège, Christine Tequi (PS). L'élue pointe «une présence accrue des ours» qui se reproduisent dans le massif du Couserans, où l'attaque a eu lieu. La zone compterait actuellement une quarantaine d'ours.
L'événement a relancé le débat séculaire sur la protection des ours dans les Pyrénées. «La cohabitation est impossible», a tranché dimanche Jean-Luc Fernandez, président de la fédération de chasse de l’Ariège.
L'association Pays de l'ours, qui œuvre depuis 30 ans au retour de l'animal dans les Pyrénées, déplore les blessures du chasseur et demande «que la lumière soit faite sur les circonstances de cet événement» afin que cela «débouche sur des formations pour les chasseurs».
Rares attaques sur l'homme
L'association rappelle que les attaques sont très rares, seulement neuf entre 1996 à 2021, selon elle.
Début août, un incident avait déjà alimenté la polémique : un berger du village de Saint-Lary, également en Ariège, avait été poursuivi par un ours.
Pour Alain Servat, le président de la Fédération pastorale de l'Ariège (FPA), ces incidents sont devenus «le quotidien des bergers». Les éleveurs de brebis, victimes d'attaques sur leur troupeau, réclament «que l'Etat prenne des décisions drastiques», comme l'abattage des ours les plus agressifs.
Deuxième ours abatTu en France depuis 2020
En 2020, trois ours ont été tués illégalement dans les Pyrénées, deux en Espagne et un en France. Le gouvernement français s'est engagé à remplacer tout ours tué de la main de l'homme par des réintroductions, tandis que des éleveurs s'y opposent fermement.
La France a engagé dans les années 1990 un programme de réintroduction d'ours slovènes alors que la population d'ours des Pyrénées était menacée d'extinction.
On estime la population actuelle à une soixantaine d'individus dans le massif pyrénéen, dont une quarantaine en Ariège. Un nombre insuffisant pour assurer la pérennité de l'espèce, estiment les spécialistes.