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Paris : pourquoi le projet de réaménagement du quartier de la tour Eiffel fait-il polémique ?

Le projet comprend une végétalisation du Pont d’Iéna. Le projet comprend notamment une végétalisation du Pont d’Iéna. [© GP + B]

Dévoilé en mai 2019, le projet de réaménagement du quartier de la tour Eiffel avait marqué les esprits par son ambition. Laissé en suspens depuis, il a finalement été relancé récemment, alors qu'une consultation citoyenne s'est ouverte le 11 octobre dernier. L'occasion pour les élus d'opposition d'exprimer leur refus de ce projet jugé «anti-écologique» et «anti-économique».

Deux ans après la présentation de cet ambitieux projet urbanistique qui s’étend de Trocadéro (16e) au Champ de Mars (7e), de Bir Hakeim (15e) à l’entrée de la tour Eiffel le long du Quai Branly (7e) au public, les Parisiens sont aujourd'hui invités à donner leur(s) avis sur la question.

Une consultation indispensable pour que la municipalité obtienne les autorisations nécessaires à la mise en œuvre du projet, et qui aboutira à une «délibération de déclaration». Mais qui ravivent les tensions autour de cette opération.

Alors qu'une réunion publique doit être organisée ce mercredi 3 novembre au soir à la mairie du 16e, l'heure est en effet à la complainte : celle des élus d'opposition qui dénonce un projet «anti-écologique» et «anti-économique». Pour Rachida Dati, maire du 7e arrondissement et présidente du groupe Changer Paris au Conseil de Paris, le projet lauréat – présenté en mai 2019 – «ne respecte aucun critère correspondant à la réalité de ce site», notamment en termes «de sécurité, de propreté et de tranquillité».

Face à constat, l'élue LR a écrit un mail à tous les habitants des quatre arrondissements concernés, leur faisant part de «trois points de préoccupation principaux». Parmi eux, le fait que ce projet «donne la priorité à des intérêts touristiques au détriment de l'intérêt général», avec notamment l'autorisation des bus touristiques sur le site, alors que les lignes de bus publiques y seraient, selon elle, «supprimées», mais aussi le fait que «la tranquillité des riverains et leurs conditions de stationnement ne sont pas prises en compte».

Et enfin, dernier point de préoccupation pour Rachida Dati, «la superposition» de ce projet à celui de Zone à Trafic Limité (ZTL) qui sera installée dans le centre de Paris, de la rive gauche de la Seine au boulevard Saint-Germain. «Non seulement les Parisiens habitant les abords du Champ-de-Mars ne pourront plus se déplacer de manière fluide, mais ils devront de surcroît subir une circulation de report et de contournement en raison de ce second projet», ajoute-t-elle.

UN «Bêtisier écologique» Dressé par une association

Autant «d'incohérences» selon l'ancienne Garde des Sceaux, qui risquent «de totalement asphyxier et donc de dégrader ce prestigieux site touristique et classé». Un avis partagé par les membres de l'association des Amis du Champs-de-Mars, qui a publié une liste de «20 points critiques» dont «le rétrécissement de la pelouse centrale», la rupture de «l'équilibre» entre piétons et automobilistes sur le Pont d'Iéna ou encore «la culture hors-sol d'arbres et de pelouses sur du bitume», qualifié de «bêtisier écologique».

Chez les élus indépendants et progressistes au Conseil de Paris, l'heure est également à la critique. Eux demandent «un moratoire» et «une véritable concertation publique», une fois les Jeux Olympiques de Paris 2024 passés. En effet, ces derniers jugent le projet «insatisfaisant en l’état, tant du point de vue de la procédure auquel il est soumis, que des mesures qu’il prévoit».

Ils dénoncent notamment la «fermeture à la circulation de certains axes» devant la tour Eiffel, comme la place de Varsovie et le Pont d’Iéna, «sans qu’aucune alternative ne soit proposée», avec pour risque que la circulation soit «reportée sur les axes voisins», mais aussi «la réduction significative de la surface de la pelouse du Champ-de-Mars» ou encore un problème «de calendrier des travaux», alors que les JO doivent être organisés en même temps.

Ils évoquent aussi un dérapage financier «annoncé» et «inacceptable», alors que le projet, initialement estimé à 72 millions d’euros pourrait exploser «à près de 110 millions, dans un contexte budgétaire très contraint». De nombreux points de crispation donc auxquels devra répondre le premier adjoint à la mairie de Paris chargé de l'urbanisme, Emmanuel Grégoire, qui doit tenir ce mercredi 3 novembre une conférence de presse à ce sujet.

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