Elle s’était fait tirer dessus par son mari, avant d’être brulée vive en pleine rue. Au-delà de l’horreur des faits, le féminicide de Chahinez, en mai dernier à Mérignac, a révélé toute une série de dysfonctionnements parmi la police et la justice. Sept agents sont convoqués en conseil de discipline.
La décision a été prise par le directeur général de la police nationale, allant plus loin que les recommandations formulées par l’IGPN, révèle RTL. Il s’est basé sur le rapport réalisé par plusieurs inspections après le meurtre, commis par le mari de Chahinez, Mounir B. Celui-ci s’était déjà montré extrêmement violent à son encontre à plusieurs reprises et avait été condamné et incarcéré, avant de profiter d’un aménagement de peine pour ressortir.
La frappant à nouveau, malgré l’interdiction de s’approcher d’elle, il avait encore été visé par une plainte de la part de Chahinez, mais n’avait pas été interpellé lors de sa convocation par le service de probation. Quelques semaines après, il l’avait sauvagement assassinée.
Des policiers de tous niveaux hiérarchiques
Sept policiers de différents niveaux, dont le Directeur départemental de la sécurité publique, ont ainsi été convoqués par le conseil de discipline (qui peut prononcer une peine allant jusqu’à la révocation), afin de s’expliquer sur les nombreuses défaillances qui émaillent cette affaire.
Ils sont mis en cause pour une succession de fautes, qui ont eu pour conséquence la mauvaise prise en charge de la plainte de la future victime. La question de la transmission des informations est notamment au cœur du dossier. Le fait que Mounir B. ait pu continuer à profiter de sa liberté malgré la récidive de ses actes, sans contrôle de ses mouvements ou de sa possession d’arme, pose en effet question. L’absence de mesure de sécurité accordée à la victime (téléphone grand danger, par exemple) a aussi été pointée.
«Ce n’est que l’interpellation qui permet d’éviter un nouveau passage à l’acte»
L’avocat des parents de Chahinez a réagi sur franceinfo en expliquant qu’il serait, «au-delà des sanctions prononcées, très attentif notamment aux explications qui seront fournies par les fonctionnaires de police qui seront convoqués devant ce conseil de discipline». «Ce dossier doit mener à sensibiliser les enquêteurs sur cette réactivité absolue quand des faits d'une telle nature sont signalés. On ne peut pas se contenter de faire des investigations qui s'étalent dans le temps», a-t-il poursuivi, affirmant que «ce n’est que l’interpellation qui permet d’éviter un nouveau passage à l’acte».
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait lui aussi prévenu qu’il suivrait les sanctions prises et qu’il les voulait «à tous les niveaux de la chaîne de responsabilité». Depuis, il a affirmé que les plaintes pour violences conjugales doivent être prioritaires et passer avant les dossiers de cambriolages, de stupéfiants, etc.