«Arrête de faire ta Cosette !» est le titre de l’ouvrage autobiographique écrit par Nadine Devillers un an avant son assassinat par le terroriste présumé Brahim A. au sein de la basilique Notre-Dame à Nice. Un récit poignant que son époux, Joffrey Devillers, est parvenu à faire éditer pour lui rendre hommage. A une semaine de la commémoration de l’attentat du 29 octobre 2020, il livre ses confidences.
Quel est votre état d’esprit presque un an après le drame ?
Dans ces moments-là, c’est important d’être soutenu, et j’ai la chance d’être entouré de gens adorables à la métropole de Nice où je travaille. Vendredi prochain, Il va y avoir un très bel hommage, une belle commémoration organisée par la ville autour notamment du maire Christian Estrosi en accord avec les familles des victimes. Nadine est toujours avec moi. Cette commémoration est une façon de passer un petit cap psychologique.
Quel souvenir gardez-vous d’elle ?
Nadine a une enfance très difficile. Issue d’un adultère, elle n’est pas reconnue par son père, schizophrène et alcoolique, qui lui interdit de l’appeler papa. Celui-ci exerce une emprise tant mentale que physique sur elle et sa mère. A l’adolescence, elle est victime d’un viol, puis tombe amoureuse d’un homme que son père l’empêche de fréquenter. Toute sa vie fut un drame, et malgré cela elle gardait sa joie de vivre. Nadine était rayonnante. Elle avait toujours le sourire. Elle était très altruiste et généreuse. C’est cette image que je conserve d’elle. C’est ce qui m’aide à tenir, sinon je m’effondre. Je me bats toujours pour elle.
Nadine avait besoin de raconter son histoire dans un ouvrage ?
Oui, Arrête de faire ta Cosette ! était une thérapie pour elle. Beaucoup lui disaient : « Ecris, écris, ça te fera du bien » Pendant un an elle a écrit énormément et un jour elle m’a dit : « Ecoute, j’aimerais publier mon livre. » C’était son rêve et je me suis battu pour qu’il paraisse, c’est l’ultime et plus bel hommage que je pouvais lui rendre. Je suis juste le gardien de sa mémoire. Le message important à retenir dans ce livre, c’est que malgré l’adversité et les coups durs de la vie, il faut garder espoir car tout peut s’arranger. Cela résume bien la façon de penser de Nadine qui avait la foi.
Cet individu ne mérite pas ma haine
Que pensez-vous de l’individu qui a assassiné votre épouse ?
C’est un barbare, un lâche. Selon mon avocat, il dit ne se souvenir de rien. Avec Nadine, on a toujours haï l’extrémisme. Je n’ai aucune rancœur à l’encontre de la communauté musulmane. Je refuse les amalgames. Ce drame est une conséquence du fanatisme et de l’intégrisme. Cet individu ne mérite pas ma haine. Je souhaite seulement qu’il soit lourdement condamné. Je pense surtout aux deux autres familles. Il y a des enfants qui ont perdu leur maman dans ce drame. Il y a les enfants de Simone et les deux filles de Vincent qui n’ont plus leur papa. Le plus important pour le moment, c’est de penser à se reconstruire.
« Arrête de faire ta Cosette ! » est disponible depuis aujourd’hui en librairie.