Passage en revue des troupes ce lundi, déploiement sur le terrain dès le lendemain : les 154 premiers agents de la police municipale ont officiellement pris leur fonction ce mardi 19 octobre. Mais devront attendre le mois de novembre avant de pouvoir verbaliser.
C'est un petit couac aux grandes conséquences. Faute d'avoir prêté serment, les 154 premiers policiers municipaux ne pourront pas (encore) verbaliser les contrevenants, a dévoilé Le Parisien, qui souligne que la cérémonie d'assermentation aura lieu début novembre. Celle-ci ayant été repoussée en raison de la crise sanitaire, selon la municipalité.
Les élus de la majorité de la maire socialiste Anne Hidalgo – qui travaillent depuis plusieurs années à la création de cette police municipale – parlent tout de même d'un moment «historique», se réjouissant du passage en revue de troupes et de l'accueil des 154 premiers agents de la Ville de Paris, tout juste formés pour devenir les policiers municipaux d'aujourd'hui.
Une première vague de formation «composée de près de 40 % de femmes», s'est félicitée la municipalité parisienne, qui annonce qu'à terme les 3.400 agents de l'ex-Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DSPP) «seront formés progressivement et renforcés par des recrutements externes afin d'atteindre l'objectif fixé de 5.000 agents, au sein de la nouvelle Direction de la Police municipale et de la Prévention (DPMP)».
Une dizaine de policiers par arrondissement
Dès ce mardi 19 octobre, ces plus de 90 hommes et 60 femmes quitteront la caserne Napoléon (4e) et seront déployés dans l'une des 17 divisions municipales. Concrètement, ils seront donc environ une dizaine d'agents par arrondissement, directement placés sous la houlette du maire d'arrondissement, qui pourra «déterminer les priorités d'action de cette police», comme l'explique l'adjoint parisien chargé de la sécurité Nicolas Nordman à FranceInfo.
Mais s'ils pourront bien patrouiller dans les rues dès aujourd'hui, ils ne pourront pas encore vraiment exercer leur métier de policiers. Ils formeront d'ailleurs des équipages mixtes avec leurs... anciens collègues : les agents de surveillances de Paris (ASP) ainsi que les inspecteurs de la Ville de Paris (ISVP).
«Une mission de proximité pour agir contre les nuisances du quotidien», se réjouit de son côté François Dagnaud, le maire du 19e arrondissement. «La police municipale [...] sera bientôt présente sur le terrain dans le 10e, où nous en avons grand besoin pour lutter contre les incivilités et sécuriser l’espace public», se félicite encore Alexandra Cordebard, la maire du 10e arrondissement.
Des élus sur la réserve
Mais tous les élus ne sont pas aussi positifs, malgré le vote de 79 % d'entre eux en faveur de la création de cette police municipale au Conseil de Paris du mois de juin dernier. En première ligne, les alliés écologistes de la maire de Paris, qui ont rappelé lundi «leur opposition» à ce projet et fait part de leur «interrogation» quant à «la capacité de la Ville à créer aussi rapidement une police municipale opérationnelle et bien formée».
Dans un communiqué, ils ont également réclamé «que des moyens humains et en équipements chiffrés soient investis pour permettre aux agents de remplir leurs missions d’apaisement de la ville, notamment dans le cadre de la lutte contre l’ensemble des incivilités du quotidien, les infractions routières ou encore la régulation des terrasses»
Autre désaccord : celui des élus de droite, qui dénoncent quant à eux le non-armement des agents. Pour les élus du groupe Changer Paris, présidé par la maire du 7e arrondissement Rachida Dati, la police municipale n'est «pas attractive». Et selon Nicolas Jeanneté, élu Changer Paris dans le 15e arrondissement, c'est le résultat «d'indemnités trop faibles», «de missions trop restreintes» et «du non-port d'armes».
La #policemunicipale parisienne ne forme pas assez d'agents car elle n'est pas attractive! Pour @njeannete ceci est dû à:
Des indemnités trop faibles
Des missions trop restreintes
Le non-port d'armes#sécurite #Police #Paris pic.twitter.com/tvh7KYsmO4— Changer Paris (@GpeChangerParis) October 18, 2021
Un argument auquel a répondu maintes fois la municipalité parisienne, par la voix de son adjoint à la sécurité Nicolas Nordman, qui assure que la police municipale parisienne ne viendra pas remplacer la police nationale, ayant «des missions différentes et complémentaires».
«La police municipale, ce n'est pas la police nationale qui garde ses missions de lutte contre la délinquance, les trafics de drogue, le terrorisme et donc ils sont armés pour cela», a-t-il ainsi fait savoir à FranceInfo, soulignant que l'arme létale était «un élément très important de cette distinction».