Ils plaident pour davantage de fermeté et l'ont largement exprimé. D’après un sondage réalisé par l’Institut CSA pour CNEWS, dévoilé ce jeudi 14 octobre, plus de 9 français sur 10 pensent que la justice doit être plus sévère face aux délinquants.
A la question «la justice doit-elle être plus sévère face aux délinquants ?», 92% des sondés ont ainsi répondu par l’affirmative. Plus précisément, 63% ont dit «oui, tout à fait», auxquels s'ajoutent 29% qui ont déclaré «oui, plutôt». A l'inverse, seulement 8% des personnes interrogées pensent que la justice ne doit pas être plus sévère face aux délinquants.
Dans le détail, le taux de «oui, tout à fait» est plus faible chez les 18-34 ans (53%) que chez les répondants ayant plus de 50 ans (68%).
L’enquête a en outre révélé un plus grand écart d’opinion selon la proximité politique. Si le «oui» arrive largement en tête chez les partisans de gauche (78%) comme de droite (98%) et du centre (98%), le «oui, tout à fait», obtient tout juste la majorité chez les sympathisants de gauche (51%).
Cette enquête arrive deux semaines après le remplacement de l'ordonnance du 2 février 1945, texte fondateur relatif à l'enfance délinquante, par le code de la justice pénale des mineurs (CJPM), le 30 septembre dernier.
Sa délicate réécriture avait été engagée par l'ex-garde des Sceaux Nicole Belloubet par voie d'ordonnance et ratifiée en février par le Parlement.
plus de «rapidité» et d'«efficacité»
Comme sa prédécesseure, le ministre Éric Dupond-Moretti a vanté une réforme «historique» et «révolutionnaire» qui vise à corriger un système à bout de souffle : des délais de jugement trop longs (dix-huit mois en moyenne), avec pour conséquence que 45% des affaires sont jugées après que le mineur a atteint ses 18 ans.
Surtout, l'une des mesures-phares de la réforme de la justice actuellement en cours vise précisément à stopper le «sentiment d’impunité insupportable» des jeunes délinquants, selon les propres termes de l'actuel garde des Sceaux. Pour ce faire, Eric Dupond-Moretti a en effet acté la fin du rappel à la loi, très critiqué. Il sera remplacé le 1er janvier 2023 par l’avertissement pénal probatoire. Alors que le premier dispense facilement le mis en cause de poursuites judiciaires, le second permettra à la justice de le mettre sous surveillance pendant un an.
Pour plus de «rapidité» et d'«efficacité», la réforme prévoit en outre un jugement en deux temps, avec une première audience sur la culpabilité dans les trois mois maximum et une audience sur la sanction six à neuf mois plus tard, après une période de «mise à l'épreuve éducative».
Reste que pour certains syndicats, «une justice rapide est une justice expéditive», avait fustigé auprès de l'agence France-Presse Jacqueline Francisco, du SNPES-FSU de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse). «Ce n'est pas la répression qui fait que les enfants ne commettent pas de délinquance», avait ajouté l'éducatrice spécialisée, estimant que «ces ados ont besoin de retrouver le chemin de la confiance avec les adultes». Les syndicats ont par ailleurs annoncé la création d'un observatoire, destiné à «être une vigie» et «faire des propositions».
Étude CSA pour CNEWS réalisée par questionnaire auto-administré en ligne sur panel 12 au 13 octobre 2021 auprès d'un échantillon national représentatif de 1.000 personnes âgées de 18 ans et plus.