«Le secret de la confession est plus fort que les lois de la République», avait déclaré le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, à la suite de la publication du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l’Église. Gérald Darmanin souhaite donc s’entretenir avec lui.
Une source dans l’entourage du ministre de l’Intérieur a ainsi confirmé à CNEWS que Mgr de Moulins-Beaufort a été invité la semaine prochaine pour s’expliquer avec le patron de la place Beauvau sur cette déclaration. Le président de la Conférence des évêques a confirmé rencontrer Gérald Darmanin mardi 12 octobre prochain dans un communiqué : «Mgr Éric de Moulins-Beaufort sera heureux d'échanger avec M. le Ministre de l'Intérieur sur le sens du sacrement de la confession pour les catholiques et sur les fondements théologiques, spirituels et canoniques du secret de la confession».
Interrogé mercredi matin sur franceinfo, l’archevêque de Reims avait exprimé sa profonde «honte» à la suite des conclusions du rapport Sauvé, qui indique que 216.000 Français ont été victimes de violences ou agressions sexuelles de la part de membres de l’Église entre 1950 et 2020.
Il a aussi reconnu que la question de la confession était complexe, puisque les prêtres sont soumis au secret sacramentel, et qu’en ce sens «le secret de la confession est plus fort que les lois de la République.»
«Il n'y a rien de plus fort que les lois de la République»
Face au tollé provoqué par ces mots, la Conférence des Évêques de France s’est expliquée dans un communiqué publié ce jeudi : «il ne faut pas opposer le secret de la confession aux lois de la République puisque celles-ci n’imposent pas sa levée. (Articles 226 13 et 14 à propos du secret professionnel, applicable aux ministres du culte en application d’une jurisprudence constante). Le droit canonique qui impose aux prêtres le secret de confession comme absolu et inviolable (canon 993) n’est pas donc contraire au droit pénal français.»
L’Église avance aussi le fait qu’en levant le secret de la confession, et en obligeant les confesseurs à rapporter les faits aux autorités lorsqu'il s’agit de crime, cela ôterait la liberté de parole de pénitents, qui n’oseraient ainsi plus se confesser. Mgr de Moulins-Beaufort avait donc insisté sur le fait de trouver «le moyen de faire autrement» lors de son interview, concernant la dénonciation de crimes commis au sein de l’Église. La Conférence des Évêques de France a indiqué qu'elle regarderait «de très près» les recommandations faites par le rapport Sauvé. Interrogé à ce sujet ce jeudi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a déclaré qu'«il n’y a rien de plus fort que les lois de la République dans notre pays. Cela tient en une phrase, et c’est très clair.»