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Epuisement, statut, formation... Pourquoi les sages-femmes descendent dans la rue

Après cinq mobilisations en moins d'un an, la colère des sages-femmes est toujours vive. Si vive qu'elles ont décidé d'investir la rue une nouvelle fois, ce jeudi 7 octobre. Déçue par les mesures annoncées à la mi-septembre par le ministre de la Santé, Olivier Véran, la profession dénonce «un mépris constant de la part du gouvernement».

Dans un communiqué publié mardi 5 octobre, l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF) évoque notamment «une lettre», envoyée au gouvernement le 27 septembre dernier, et restée sans réponse. Ce, alors même que la missive constatait «la situation dramatique des maternités françaises, où la sécurité des femmes et des nouveaux-nés ne tient qu'à un fil».

Selon les chiffres de l'ONSSF, «40% des sages-femmes hospitalières sont en épuisement professionnel, 7 étudiants sur 10 ont des symptômes dépressifs et 27% d'entre eux ont pensé à arrêter la formation». Résultat : cet été de nombreuses maternités ont «pour la première fois [...] dû fermer leurs portes pour manque de sages-femmes». Sachant que ces dernières réalisent «près de 90% des accouchements par voie basse» en France, la profession ne cache pas son inquiétude.

Au mois de septembre, Olivier Véran avait annoncé le versement d'une prime de 100 euros aux sages-femmes travaillant à l'hôpital, ainsi qu'une hausse de salaire d'environ 100 euros brut par mois. Le ministre de la Santé indiquait une dépense de 40 millions d'euros supplémentaires par an pour ces revalorisations, effectives à partir de janvier et incluses dans le budget de la Sécu pour 2022.

Les sages-femmes, profession à 97% féminine, avaient été oubliées de la refonte des grilles salariales négociée, entre autres, pour les infirmières et les aides-soignantes. Olivier Véran avait alors fait valoir que ce gain mensuel équivalait l'augmentation de 183 euros net par mois accordée à tous les personnels hospitaliers fin 2020, dans le cadre du Ségur de la santé.

Un «malaise profond et récurrent»

Si les sages-femmes restent mobilisées après ces mesures, c'est parce qu'elle estiment que leurs autres revendications principales n'ont pas été entendues. Notamment celle qui vise à leur accorder un statut médical, «en accord avec le code de la santé publique». Sur ce point, elles s'appuient sur un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) qui recommande de leur octroyer «un statut d'agent public spécifique», créé «sur-mesure» pour permettre «une réponse complète et adaptée» à leur situation.

Les inspecteurs des affaires sociales soulignent en effet le «malaise profond et récurrent des sages-femmes», ainsi que «la dégradation préoccupante de l'attractivité des postes hospitaliers». Mais Olivier Véran, lui, a préféré «conforter leur statut médical au sein de la fonction publique hospitalière», annonçant par ailleurs l'extension des compétences de ces professionnelles à de nouveaux domaines, comme le traitement de l'endométriose. Le ministère a également fait part de son intention de faciliter la création de «maisons de naissance», gérées par des sages-femmes.

Des mesures qui, selon le Conseil national de l'Ordre des sages-femmes, ne répondent pas «aux enjeux de la profession». Se joignant au communiqué de l'ONSSF, mardi 5 octobre, l'instance formule, outre la création d'un statut dédié, deux autres «actes simples et concrets» à mettre en oeuvre d'urgence pour transformer les conditions de travail de ces professionnelles.

D'abord la «création d'une sixième année d'étude afin d'acquérir l'ensemble des compétences qu'exige la profession et d'améliorer le bien-être étudiant». Ensuite, «la révision des décrets de périnatalité de 1998 qui permettront de reprendre en charge les femmes dans des conditions décentes, soutenue entre autres, par le Collège national des gynécologues-obstétriciens».

Ce jeudi, une grande partie des 23.500 sages-femmes que compte la France seront mobilisées pour faire entendre ces revendications sur tout le territoire. A Paris, les protestataires ont prévu de se retrouver place du 18 juin 1940, à Montparnasse, dès 10h. Le cortège se mettra en mouvement aux alentours de 12h avec une destination précise en tête : le ministère de la Santé.

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