Bas les masques ? Sur la majeure partie du territoire, la France connaît une accalmie épidémique, qui se traduit par une baisse de l’incidence, des hospitalisations et des décès. Additionnée à l’avancée du taux de vaccination de la population, cette embellie a entraîné l’assouplissement de certaines restrictions sanitaires et notamment de l’une des plus symboliques : le port du masque (dans certaines conditions et certains territoires).
Aujourd’hui, la question de son maintien, alors que l’accessoire est obligatoire dans les lieux publics clos depuis le 20 juillet 2020, est au cœur du débat. Indispensable ou liberticide, le masque divise.
Un allègement étudié de près
Depuis ce lundi, les élèves du primaire de 47 départements, ceux où le virus circule le moins, ont pu se présenter dans leurs établissements sans masque. A noter que les personnels des écoles et les collégiens doivent, eux, le conserver. Le jour-même, le ministre de la Santé Olivier Véran a confirmé que l’allègement du pass sanitaire serait bien au menu du Conseil de défense qui se tient aujourd’hui. Après consultation du conseil scientifique, le gouvernement souhaite étudier de près la possibilité de desserrer l’étau des restrictions. Parmi elles, le masque se situe en bonne place et des communes n’ont pas attendu les décisions de l’Elysée avant de lever l’obligation de port du masque en extérieur, y compris sur les marchés.
D’autres, comme celle de Bordeaux depuis le 1er octobre, ne le rendent plus obligatoire dans les bars. Des mesures saluées par Antoine Flahault, professeur de santé publique et directeur de l'Institut de santé globale de l'université de Genève (Suisse) : «Dans les régions où le virus circule peu, il n’y a pas beaucoup d’intérêt supplémentaire de protection ou de réduction de risque donc en effet on peut l’enlever». Si l’épidémie poursuit sa décroissance, la question du port du masque en intérieur pourrait donc rapidement arriver sur le bureau. Les Français semblent l’espérer. Dans un sondage réalisé par Ispos-Sopra, et publié lundi, 74% des personnes interrogées ont confié leur souhait de ne plus le porter au sein de leur entreprise.
La prudence de mise
Malgré tout, «la situation n’est pas si bonne que ça», alerte Catherine Hill, épidémiologiste à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif). En effet, il y a encore des 44 morts en moyenne chaque jour et la vaccination stagne, notamment chez les 80 ans et plus où on retrouve 14% de non vaccinés. Pour elle, il est nécessaire de garder les restrictions afin «d’inciter les gens à aller se faire vacciner» et de «continuer cette pression». Pour la biostasticienne, lever le port du masque dans certaines villes n’est pas judicieux car «les gens circulent, et le virus avec eux. Il n’y a pas de frontière entre les villes et les départements».
S’il n’est pas aussi réticent à l’idée de lever le port du masque, Antoine Flahault aurait plutôt retiré cette protection en dernier chez les primaires car ce sont «les plus vulnérables de la société, le seul segment pas du tout vacciné». Enfin, l’approche de l’hiver, et ses regroupements en intérieur, suscite également des craintes. Elle sont «justifiées» pour Antoine Flahault, qui préfère toutefois se concentrer sur les critères sanitaires actuels. Reste à voir si le gouvernement en fera de même.