Face au refus de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière, la France a tapé du poing sur la table en annonçant mardi la réduction du nombre de visas accordés à ces trois pays. Une décision soutenue par près de 9 Français sur 10, comme le révèle un sondage exclusif de l’institut CSA pour CNEWS publié ce jeudi 30 septembre.
A la question de savoir si «la France a eu raison ou tort de durcir les conditions d'octroi des visas à l'égard du Maroc, de l'Algérie et la Tunisie qui refusent de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière», 87% des sondés ont en effet répondu par l'affirmative.
Au coeur de la colère affichée par Paris, les laissez-passer consulaires que les trois pays du Maghreb «refusent» de délivrer alors qu'ils sont pourtant nécessaires au retour des immigrés refoulés de France, comme l'avait expliqué mardi sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Concernant le profil des personnes interrogées, toujours selon cette enquête, les sondés âgés de plus de 50 ans, sont les plus favorables à cette mesure du gouvernement avec 93% de soutien. Les personnes de moins de 34 ans sont, elles, moins nombreuses à soutenir cette décision (76%).
Une mesure populaire même chez les partisans de gauche
Point à relever, la décision du gouvernement fait l'objet d'un certain consensus, rencontrant même une forte adhésion chez les sondés se revendiquant proches de la gauche (78%). De façon moins surprenante, l’adhésion à la mesure est quasiment totale pour les sondés se sentant proches de la droite et du centre (94%).
Toujours au micro d’Europe 1, Gabriel Attal avait décrit cette décision des autorités françaises «drastique», «inédite», mais «rendue nécessaire par le fait que ces pays (du Maghreb) n'acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France».
Une baisse de 50% du nombre de visas délivrés pour les ressortissants du Maroc et de l'Algérie est envisagée lorsqu'elle est de 33% pour ceux originaires de Tunisie. Si aucune date d'entrée en vigueur de la mesure n'a été communiquée, cela serait une question «de semaines», a assuré Gabriel Attal.
Avant de serrer la vis, Paris assure avoir fait preuve de patience depuis les premières négociations sur le sujet en 2018. Accusé par la droite et l'extrême droite de ne pas expulser assez, le gouvernement a pointé du doigt la responsabilité des trois pays. «Il y a eu un dialogue, ensuite il y a eu des menaces. Aujourd'hui, on met cette menace à exécution», a encore expliqué le porte-parole du gouvernement.
Reste que cette décision pourrait bien engager la France et le Maghreb dans un dur bras de fer. Alors que la décision française a été déplorée dès mardi par le Maroc, l'Algérie a, ce mercredi, convoqué officiellement l'ambassadeur de France.
Étude CSA pour CNEWS réalisée par questionnaire auto-administré en ligne sur panel du 28 au 29 septembre 2021 auprès d'un échantillon national représentatif de 1.000 personnes âgées de 18 ans et plus.