L’état des lieux est «catastrophique» et la crise sanitaire en constitue un facteur aggravant, selon la Fondation Abbé-Pierre qui vient de dévoiler son rapport sur le «mal-logement» en Provence-Alpes-Côte d’Azur, au cours des dix années écoulées.
Un phénomène marqué par l’augmentation du nombre de personnes sous le seuil de pauvreté qui atteint un taux de 17,3 % en Paca, contre 14,6 % au plan national. « Nous avons eu une hausse de presque 20 % des gens qui ont bénéficié des minima sociaux entre fin 2019 et fin 2020 dans les Alpes-Maritimes, explique Florent Houdmon, directeur régional de la fondation. Même si cela reste conjoncturel, on sait que beaucoup de ménages ont connu des baisses de revenus importantes et cela risque d’aggraver la situation des plus pauvres pendant des années.»
Inflation des loyers et inaction des pouvoirs publics
Une baisse de revenus qui se heurte au prix de l’immobilier. «Le tableau est catastrophique dans les Alpes-Maritimes. Après Paris, la Côte d’Azur affiche le parc privé le plus cher de France, avec des prix de 5000 à 7000 € du mètre carré et parfois même 10 000 €.»
Dans la location, la situation n’est pas meilleure, avec une augmentation des loyers de 20 % en dix ans, pointe l’association. «Après Paris, Nice est la plus chère parmi toutes les grandes métropoles, avec 16/17 € le mètre carré», observe Florent Houdmon qui dénonce l’inaction des pouvoirs publics. «Paris ou Lille ont pris des mesures d’encadrement les loyers. Nice et Marseille ne le font pas».
«Seulement 9% de logements sociaux dans les Alpes-Maritimes»
Selon la Fondation Abbé-Pierre, le nombre de logements sociaux continue de faire cruellement défaut. «La moyenne nationale tourne autour de 15 %. En Paca, nous sommes à 12 % et dans les Alpes-Maritimes, seulement à 9 %. Il y a un immense déficit au regard de la Loi SRU», souligne Florent Houdmon pour qui l’accès au logement social est aussi très compliqué : «Dans les Alpes- Maritimes, la moitié de la population doit consacrer plus de 25 % de ses revenus pour se loger. Et c’est un chiffre médian. Cela veut dire que ça peut monter à 40 %, 50 %, 70 %... »
Conséquences : les familles se retrouvent à l’étroit, notamment dans le quartier de l’Ariane où un logement sur trois est surpeuplé contre un sur cinq dans les Alpes-Maritimes. «Ce qui n’arrange rien en période de confinement, et de circulation du Covid. [...] Il faut un électrochoc de l’Etat comme des élus locaux. Les revenus des classes moyennes ne suivent plus. Les inégalités se creusent.»