A l'approche de la journée d'hommage national aux Harkis, ce samedi 25 septembre, Emmanuel Macron a annoncé lundi que «le gouvernement allait porter avant la fin de l'année un projet de loi visant à inscrire dans le marbre la reconnaissance et la réparation à l'égard des Harkis.»
«Aux combattants, je veux dire notre reconnaissance; nous n'oublierons pas. Je demande pardon, nous n'oublierons pas», a-t-il déclaré. La France «a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants», a jugé le chef de l'Etat.
Recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962), les Harkis, jusqu'à 200.000 hommes, ont été abandonnés par la France à l'issue du conflit. Nombre d'entre eux ont alors été victimes de représailles, et même de massacres, en Algérie.
Les autres, plusieurs dizaines de milliers d'entre eux, leurs femmes et leurs enfants, ont été transférés en France par l'armée, entre 1962 et 1965. Ils ont, pour la grande majorité, été installés dans des «camps de transit et de reclassement» aux conditions de vie indignes et durablement traumatisantes.
Voilà pourquoi les associations de Harkis réclament, depuis des années, une «loi de reconnaissance de l'abandon» de ces anciens combattants et de «leur relégation dans des camps de transit et les hameaux de forestage dans des conditions déplorables». Diverses procédures d'indemnisation ont été mises en place au fil du temps et, le 25 septembre 2016, l'ancien président François Hollande a reconnu la «responsabilité» de la République «dans l'abandon des Harkis».
300 personnes conviées ce lundi
Mais, dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on assure que ce dernier veut «franchir un nouveau pas dans la reconnaissance du manquement qui a été fait au Harkis, mais aussi du manquement de la République française à ses propres valeurs». Il n'est pas question d'indemnisation dans l'immédiat, précise-t-on néanmoins. Car ce «serait une erreur de limiter cette réparation à cette seule dimension pécuniaire».
Alors, ce lundi, Emmanuel Macron a convié quelque 300 personnes, notamment des associations de Harkis, de la «mémoire» et «d'anciens combattants». L'historien français Benjamin Stora, auteur d'un rapport sur la colonisation et la guerre d'Algérie remis en janvier au président de la République, sera présent.
Le chef d'Etat a prévu de prononcer un discours mais aussi de décorer un représentant harki blessé au combat ainsi qu'un officier français, le général François Meyer, qui a organisé le rapatriement «de plusieurs centaines de Harkis en désobéissant aux ordres». Une fille de Harki, «militante de l'égalité des chances et de la diversité» sera elle aussi distinguée. A leurs côtés, Emmanuel Macron a l'intention «de sortir sur le sujet d'une ambiguïté mémorielle qui a oscillé depuis 60 ans entre les non-dits et qui, parfois même, a été perçu par les Harkis comme un déni».