Incertitudes économiques, tensions sociales, fractures identitaires, crise sanitaire... Après ces longs mois d’instabilité, la France est fourbue, éprouvée, fragilisée. En déclin ? D'après un sondage réalisé par l'Institut CSA pour CNEWS, et dévoilé ce jeudi 16 septembre, c'est en tout cas ce que pensent 62% des Français
Agées d'au moins 18 ans, les 1.000 personnes interrogées dans le cadre de cette enquête ont répondu à un questionnaire auto-administré en ligne, du 14 au 15 septembre. Parmi les deux propositions suivantes, ils ont dû choisir celle qui leur semblait la plus juste : La France est en déclin ou la France n'est pas en déclin.
La première affirmation a donc récolté le plus de suffrages (62%), quand 37% des interrogés ont opté pour la seconde et 1% seulement a choisi de ne pas se prononcer. Ces résultats font écho à ceux d'une précédente étude sur les «Fractures françaises», menée il y a tout juste un an par l'Institut Ipsos. A l'époque, en septembre 2020, elle montrait un écart encore plus creusé, avec 78% de déclinistes parmi les interrogés.
L'épidémie de Covid-19 était sans surprise la première source d'inquiétude invoquée concernant la situation du pays. Venait ensuite les difficultés liées au pouvoir d'achat, l'avenir du système social (santé, retraites...) ou encore la protection de l'environnement. Aujourd'hui, le sondage CSA montre un déclinisme toujours majoritaire mais dont la part est réduite par rapport aux chiffres observés il y a un an.
Cela est peut-être dû aux récents rapports de l'Insee et de la Banque de France, qui ont tous deux noté un rebond de l'économie française plus rapide qu'attendu. Ainsi, les deux instances ont respectivement relevé leurs prévisions de croissance pour 2021 d'un quart de point (à 6,25%) et d'un demi-point (à 6,3%). Tous deux estime que l'activité devrait rattraper son niveau d'avant la pandémie au quatrième trimestre, soit en fin d'année.
Plus de déclinistes à droite qu'à gauche
Mais la crise n'est pas derrière nous et l'optimisme est toujours minoritaire chez les Français. Si l'on en croit les résultats du sondage CSA pour CNEWS, les hommes y sont néanmoins plus enclins que les femmes. 41% des premiers considèrent que la France n'est pas en déclin, contre seulement 34% des secondes. L'âge des interrogés ne semble en revanche pas déterminant pour trancher la question puisque le rapport déclinistes/optimistes est à peu près le même pour chaque génération, de l'ordre de 60/40%. Seuls les 25-34 ans se montrent un peu plus tranchés, à 69% du côté d'une France en déclin.
Parmi les catégories socioprofessionnelles, les CSP- se distinguent avec une part plus large de déclinistes que celle de l'échantillon total, à 71%. Les CSP+ et les inactifs sont presque parfaitement d'accord, avec respectivement 42 et 40% des interrogés considérant que le pays n'est pas en déclin.
Sur l'échiquier politique, le déclinisme est souvent considéré comme l'apanage des électeurs de droite et extrême droite. Les résultats du sondage de l'Institut CSA ne viennent pas contredire cela puisque cette opinion est clairement majoritaire à droite : à 82% contre 48% à gauche. Sa part grimpe même à 94% dans les rangs de l'extrême droite.
A noter que La France insoumise et la gauche radicale de manière générale se distinguent au sein de leur couleur politique en étant les seules à se montrer plus déclinistes qu'optimistes (à 55 et 60%). Au centre, le rapport s'inverse totalement, avec 67% d'électeurs qui ont foi en l'avenir. D'ailleurs, le parti le plus optimiste n'est autre qu'LREM, celui du président Emmanuel Macron. Parmi les sympathisants interrogés, 70% considèrent que la France n'est pas en déclin.