Installé sous un barnum dans le 15e arrondissement de Paris, ce stand de dépistage du Covid-19 avait tout l'air d'un vrai. Seulement voilà, le jeune homme qui se chargeait des prélèvements n'est ni soignant ni en passe de le devenir : il étudie l'architecture.
L'apprenti laborantin a été interpellé dimanche 12 septembre et une enquête préliminaire pour «exercice illégal de la profession de technicien de laboratoire médical» a été ouverte. Selon France Inter, qui révèle l'affaire ce jeudi 16 septembre, le stand de l'étudiant en architecture a été signalé aux forces de l'ordre par un médecin du quartier de la porte de Versailles.
Ce dernier, proposant lui-même des tests antigéniques, a trouvé l'installation de ce concurrent inattendu plutôt suspecte. Surtout lorsqu'il s'est aperçu que ses propres coordonnées, ainsi que celles d'une pharmacie du secteur, étaient indiquées sur le barnum voisin en tant que numéros à joindre en cas de problème.
Evidemment, les tests de dépistage du Covid-19 ne peuvent être réalisés que par des personnels de santé ou des étudiants dans le domaine sanitaire. Ceux qui n'entrent pas dans ces catégories ne sont pas aptes à le faire, à moins d'avoir suivi une formation spécifique, délivrée par un organisme habilité.
Ce n'était pas le cas de cet étudiant en architecture. Auprès des policiers, il a affirmé ne pas savoir que la réalisation de ces tests nécessitait une qualification particulière. Ce jeune homme né en 1996 a, selon ses dires, été embauché par une société elle-même mandatée par une pharmacie du quartier pour organiser l'installation d'un barnum et d'une personne chargée des prélèvements.
Une cinquantaine de tests réalisés
Lors de sa garde à vue, il a indiqué avoir obtenu le numéro de téléphone de cette société par le biais d'étudiants en médecine. Une jeune femme lui aurait donné rendez-vous porte de Versailles afin de lui montrer rapidement comme réaliser des prélèvements nasopharyngés et lui fournir le matériel nécessaire. On lui aurait fait miroiter la possibilité de gagner jusqu'à 4.000 euros par mois.
Au moment de son interpellation, l'étudiant en architecture opérait depuis deux jours. Il estime avoir effectué une cinquantaine de tests, dont la fiabilité n'est donc pas garantie. Interrogés par les enquêteurs, les responsables de la pharmacie désignée ont assuré qu'ils pensaient avoir affaire à une société sérieuse.
Auprès de France Inter, le porte-parole de l'Union syndicale des pharmaciens d'officine, Gilles Bonnefond, déplore l'absence de «liste officielle» de prestataires. Il appelle les professionnels à la plus grande vigilance pour éviter que ce genre de situation ne se répète. De son côté, l'étudiant en architecture risque gros : les faits qui lui sont reprochés sont passibles d'un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende.