Au lendemain de son arrivée dans la cité Phocéenne, dans laquelle il doit rester trois jours, Emmanuel Macron s’est exprimé ce jeudi soir depuis le palais du Pharo, pour annoncer son plan «Marseille en grand». Une vaste feuille de route pour venir en aide à la deuxième ville de France. Au programme : sécurité, pauvreté, éducation et santé.
«Votre visite à Marseille est historique», a soutenu Benoît Payan, maire (PS) de la ville, auprès d’Emmanuel Macron, avant de lui céder la parole.
Le discours du chef de l'Etat était articulé autour de trois urgences impérieuses pour la préfecture des Bouches-du-Rhône : l’urgence sécuritaire, l’urgence sociale, et l’urgence sanitaire.
Huit millions d'euros pour équiper les policiers marseillais
Au plan sécuritaire, Emmanuel Macron a commencé son discours en rappelant la nécessité de combattre les trafics de drogue qui gangrènent certains quartiers marseillais. Face à «une criminalité de plus en plus violente», le chef de l’État a annoncé l’arrivée de 200 policiers supplémentaires en 2022, et deux compagnies de CRS seront pérennisées.
Huit millions d’euros seront injectés pour équiper les policiers marseillais, tant en moyens numériques que de déplacements (voitures ou motos). L’État va également financer un nouvel hôtel de police pour la ville, à hauteur de 150 millions d’euros. En complément du renforcement de la présence policière, le chef de l’État souhaite financer un large réseau de 500 caméras de vidéosurveillance, notamment dans les quartiers nord de la ville et aux abords des écoles, ainsi que le déploiement de la fibre.
Il appelle également au recrutement de 30 éducateurs supplémentaires ainsi que 30 médiateurs pour les quartiers en difficulté. Le président de la République souhaite également attribuer davantage de moyens à la justice, et a notamment annoncé la création de nouveaux groupes d’enquêteurs de la police judiciaire, pour améliorer la «traque» et le suivi judiciaire des «têtes de réseaux» de stupéfiants.
Près de 170 millions d'euros pour réhabiliter les hôpitaux
Concernant la santé, la crise sanitaire, a insisté le chef de l'Etat, n’a fait que souligner le difficile accès aux soins dans certains quartiers de Marseille. Ce faisant, dans les quartiers nord, le virus a progressé plus vite, et la population est moins vaccinée que dans le reste de la ville, a rappelé Emmanuel Macron.
L’État va donc financer la réhabilitation de l’hôpital de la Timone et de l’hôpital Nord, à hauteur de 169 millions d’euros. 50 millions d’euros supplémentaires seront aussi mobilisés pour la création d’un pôle mère-enfant, et à la construction d’une maison des femmes. Un calendrier des travaux sera bientôt publié.
Emmanuel Macron souhaite également que des efforts soient faits pour inciter les médecins et autres personnels soignants à se réinstaller à l’intérieur de la ville, dans les quartiers qui en manquent. «Dans la deuxième ville de France, il y a en plein cœur des déserts médicaux», a regretté le président.
Un milliard d'euros pour les transports
Autre sujet sur lequel le président français était très attendu : les transports. Avec seulement deux lignes de métro, et toujours surchargées, la deuxième ville de France est en effet très mal desservie en termes de transports, notamment du nord au sud de la ville. Emmanuel Macron a donc annoncé un investissement d’un milliard d’euros pour l’automatisation des lignes de métro, ainsi que pour la création de quatre lignes de Tramway supplémentaires et de cinq lignes de bus. Il souhaite également «moderniser le port» de Marseille, «moderniser les infrastructures et investir dans le fret ferroviaire».
Une structure dédiée au financement des travaux des écoles
Au volet éducatif, la priorité est tout d’abord d’offrir aux jeunes Marseillaises et Marseillais des environnements sains et propices à l’apprentissage. Le chef de l’État a rappelé que 174 écoles - soit plus d'un tiers du parc scolaire - de la ville sont considérées comme en état de délabrement, handicapant fortement leurs élèves.
Cependant la rénovation des écoles ne relève pas des compétences de l’État, mais de celles des collectivités locales. Pour pouvoir aider la ville à financer les travaux, une société ad hoc sera créée, présidée par le maire de Marseille et dans laquelle l’État investira l’argent nécessaire à la refonte de ces écoles. Emmanuel Macron espère que cette société pourra voir le jour d’ici la fin de l’année.
Au-delà des problèmes d’infrastructures, le président de la République souhaite également voir naître «l’école du futur» dans la cité phocéenne. Cela passe par le fait de donner plus de libertés aux directeurs d’établissement : ils pourraient avoir la possibilité de choisir leur équipe pédagogique.
Les enseignants doivent aussi pouvoir choisir les quartiers dans lesquels ils ont envie de travailler, selon Emmanuel Macron. Pour améliorer l’accompagnement des élèves en difficulté, il a également annoncé la création de dix microcollèges et dix microlycées à Marseille pour la rentrée 2022.
Associer jeunes et chefs d'entreprise
Autre sujet abordé : la formation. En parallèle de l'école, l’objectif de l'Etat est aussi d’accompagner les jeunes dans leurs projets d’avenir. Emmanuel Macron souhaite notamment miser sur l’entrepreneuriat, et a annoncé «Trois carrefours de l’entrepreneuriat» à Marseille, organismes grâce auxquels les jeunes avec des idées de projets pourront être financés, accompagnés et formés par des chefs d’entreprises, associations ou autres acteurs de l’économie locale. Il a également évoqué le développement d’un service militaire volontaire pour les jeunes des quartiers difficiles de Marseille. Au total, ce sont 100 jeunes qui pourront être accompagnés dès l’automne par des services de l’armée.
En définitive, l'Etat apportera au total à Marseille quelque 1,5 milliard d'euros de financements nouveaux, principalement pour les transports mais aussi pour la culture et la sécurité, a détaillé l'Élysée après le discours présidentiel, sans toutefois livrer de plus amples détails. Par ailleurs, Emmanuel Macron reviendra en octobre et février à Marseille pour faire le point des engagements. Deux déplacements qui interviendront à quelques semaines seulement de la présidentielle et qui seront, à coup sûr, très observés.