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«Les délinquants s’allument sans trop réfléchir» : plongée au cœur de la BRI, la brigade «antigang»

Des hommes de la BRI montrant les impacts de balles sur un bouclier utilisé le 13 novembre 2015, au Bataclan. [Kenzo TRIBOUILLARD / AFP]

Au sein de sa «colonne», entouré par ses camarades de la BRI, Philippe Deparis a vécu les opérations les plus complexes. Hypercacher, Bataclan, forcenés, arrestations de criminels surarmés… L’ancien policier d’élite a utilisé ses années d’expériences pour raconter dans un livre le quotidien des opérateurs de la Brigade de recherche et d’intervention, appelée aussi «antigang».

Sous la forme d’un polar, afin de préserver l’anonymat de ses collègues, l’auteur (qui écrit lui aussi sous pseudonyme) a décidé de décrire de la façon la plus proche et réelle la vie de ces hommes et femmes surentraînés, qui interviennent en Ile-de-France. L’histoire principale, sur fond de multiples règlements de compte pour le trafic de drogue, suit la traque de ces malfrats, en se rapprochant au plus près du point de vue des policiers.

Installation des tireurs d’élite, surveillance, progression en «colonne» derrière les lourds boucliers pare-balle... L’action se passe au cœur du groupe, au milieu des échanges de tirs. «Plus la situation est d’envergure, plus c’est intéressant pour nous, on aime ça», raconte Philippe Deparis. «Mais si on peut éviter de prendre un maximum de risque, c’est tant mieux pour nous». Et de rappeler un épisode récent où des «collègues» de la BRI se sont fait «engager» (tirer dessus) à travers la porte d’entrée du logement d’un délinquant qu’ils s’apprêtaient à interpeller.

«Il y a moins de respect pour la vie»

Au long des pages, l’équipe de policiers est confrontée à l’insécurité du quotidien. Passage à l’acte d’un radicalisé qui ouvre le feu sur des passants et les forces de l’ordre, arrestation de braqueurs en pleine rue, les sollicitations ne s’arrêtent jamais pour la BRI. «La violence a augmenté dans notre société, c’est un fait», estime le policier. «Il y a moins de respect pour la vie. On voit des règlements de compte plus rapides et plus violents, parfois pour un simple regard».

«Les délinquants s’allument sans trop réfléchir», poursuit-il. «Ils ont un accès plus facile à des armes comme des fusils d’assaut, notamment les kalachnikovs. Avec ça, ils vont directement régler leur compte». 

Une dure réalité bien présente dans le livre, où la violence se retrouve froidement, sans ménagement. Il faut dire que celle-ci a accompagné toute la carrière de Philippe Deparis, lui qui est notamment intervenu avec son groupe sur deux drames majeurs vécus par la France : la prise d’otage de l’Hypercacher et l’attentat du Bataclan. «On n’en ressort jamais comme on en est entré. Cela nous suivra toute notre carrière et notre vie», décrit-il. «On est juste content d’être toujours vivant».

Avec son style fluide, Philippe Deparis parvient à faire de son polar un excellent moyen de découvrir le fonctionnement de la BRI et la vie des membres qui la constituent, tout en agrippant le lecteur par une traque en fil rouge, émaillée de nombreuses autres interventions. L’action s’enchaîne sans cesse, si bien que même les descriptions des entraînements grandeur nature sont captivantes. Les pages se tournent rapidement pour savoir ce qu’il va arriver aux personnages, par ailleurs très attachants (et calqués sur de vrais policiers, anciens collègues de l’auteur). Un livre à recommander aux passionnés du travail des forces de l’ordre ou à ceux voulant simplement se plonger dans un polar énergique pour cet été.

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