Il a suffi d’une phrase pour que la polémique naisse. En indiquant lundi soir, lors de son discours sur l’Afghanistan, que la France devait «se protéger des flux migratoires irréguliers importants» que va entraîner l’arrivée des talibans au pouvoir, Emmanuel Macron a suscité de vives réactions.
A gauche, notamment, les adversaires politiques du président de la République sont montés au créneau. L’écolo Yannick Jadot, candidat à la primaire verte pour la présidentielle, s’est dit «sidéré» que les Afghans qui fuient leur pays soient d’abord considérés comme une «menace» et des «migrants irréguliers», plutôt que des «victimes et potentiellement des réfugiés». Eric Piolle, lui aussi en lice pour la primaire écologiste, a affirmé que le chef de l’Etat faisait «honte à la France».
Chez LFI, les propos ont été qualifiés de «sordides», quand des élus socialistes ont parlé de «cynisme», de «honte», en défendant le droit d’asile.
«Protéger celles et ceux qui sont les plus menacés»
Une fois ces réactions passées, des explications ont été apportées par Emmanuel Macron. Il a affirmé que «certains veulent détourner» sa pensée et a assuré que la France continuera de «protéger celles et ceux qui sont les plus menacés».
La tournure de phrase du président, précisant bien que les Afghans qui seront accueillis en France seront les «plus menacés», montre néanmoins la volonté de l’Elysée de garder le contrôle sur le flux de migrants susceptibles de se présenter aux portes de la France. Seuls certains profils devraient donc pouvoir obtenir plus facilement le droit de se réfugier dans le pays. Les personnes (et leur famille) ayant collaboré avec les forces armées ou le personnel diplomatique, celles ayant servi de traducteurs devraient être concernées prioritairement.
Une vision partagée par la droite
De l'autre côté de l'échiquier, les personnalités politiques n'ont pas directement réagi aux propos du chef de l'Etat. Mais certaines semblent partager sa position. Xavier Bertrand, candidat de droite à la présidentielle, a par exemple parlé de «vague migratoire» et de «menace terroriste».
Le sénateur LR de Vendée Bruno Retailleau a quant à lui demandé à ce que les Afghans ayant aidé la France, notamment les traducteurs, soient rapatriés en France, mais que le pays et l’Europe fassent «preuve d’une fermeté qui leur a souvent manqué pour éviter une vague migratoire déstabilisatrice». La situation en Afghanistan «entraînera, pour nos pays, un risque accru d’attentats et la perspective de nouvelles vagues d’immigration», a de son côté communiqué Marine Le Pen.
Dans un contexte de début de campagne présidentielle, le débat risque de ne pas en rester là dans les prochains mois.