Travaux, incivilités, mais surtout transports. Le bruit est devenu un véritable calvaire pour de nombreux Français. Son coût social a donc été calculé, et il monte à plus de 155 milliards d’euros par an, dans le pays.
L'étude a estimé de façon globale le coût des effets de l'exposition au bruit : coûts sanitaires marchands (maladies, accidents professionnels, hospitalisations...) ou non-marchands (pertes d'années de vie en bonne santé, difficultés d'apprentissage...). Les coûts non-sanitaires, comme la perte de productivité ou la baisse de valeur des biens immobiliers trop exposés, ont également été pris en compte.
Soit un total de quelque 155,7 milliards d'euros par an, selon le rapport du Conseil national du bruit et de l'Ademe (Agence de la transition écologique), publié ce jeudi et relayée par l’AFP.
Les transports pointés du doigt
Selon l'étude, la grande majorité de ce «coût social» est liée aux transports, pour plus de 106 milliards d’euros, soit 68% du total. Principalement le transport routier (52%), puis aérien (9%) et ferroviaire (7%). Les bruits du voisinage, causés par les particuliers (11%) ou les chantiers et autres activités (5%), comme ceux liés au travail ou à la vie scolaire (14%) sont aussi en cause.
Les coûts non-marchands sont les plus lourds, selon cette estimation, avec un montant de 134,3 milliards d'euros, soit 86% du total. Sur les 21,4 milliards de coûts marchands restants, une petite minorité, évaluée à 1,2 milliard, est directement supportée par l'assurance maladie, et le reste est constitué des effets économiques induits.
Associer la lutte contre le bruit à celle contre la pollution
Pour combattre ce fléau, le rapport recommande d’associer la lutte contre le bruit à celle contre la pollution de l'air. Il constitue en effet, d'après l'OMS, le deuxième facteur environnemental provoquant le plus de dommages sanitaires en Europe, juste derrière la pollution, responsable par exemple de 40.000 décès prématurés par an en France.
Le transport routier étant le principal facteur de ces deux types de nuisances, des mesures seraient en effet «rentables au regard de leurs bénéfices simultanés sur l'exposition au bruit et à la pollution de l'air», selon le rapport. Ainsi, réduire la vitesse de circulation de 10 km/h sur les voies rapides en zone urbaine agirait à la fois sur le bruit et les émissions et aurait «un ratio annuel bénéfices/coûts égal à 685», selon les auteurs. Ils plaident également pour le développement des «zones à faible émission» (bénéfice/coût de 13), prévu dans la nouvelle loi climat, ou d'une charte «chantier propre» pour le BTP (bénéfice/coût de 3).