Alors que les autorités s’inquiètent de la circulation du variant Delta, notamment pendant les vacances, Emmanuel Macron s’est exprimé ce lundi soir depuis le Grand Palais Éphémère, au pied de la Tour Eiffel. Le chef de l’État a annoncé de nouvelles mesures concernant la vaccination et le pass sanitaire, mais a aussi parlé relance économique.
«Un été de mobilisation» : voilà comment Emmanuel Macron a présenté le plan d’action pour les semaines à venir. Une action globalement centrée sur la vaccination, alors que seulement un tiers des Français a reçu ses deux doses de vaccin contre le coronavirus. Si le chef de l’État s’est montré optimiste au début de son discours, rappelant que la France a réussi à repasser sous la barre des 2.000 contaminations quotidiennes fin juin, tout en ayant gardé les établissements scolaires ouverts, il a souligné que la crise n’était toujours pas derrière nous. «Si nous n’agissons pas aujourd’hui, le nombre de cas augmentera et entraînera une hausse des hospitalisations dès le mois d’août», s’est-il inquiété. En cause: la propagation du variant Delta.
C’est pourquoi le Président a annoncé un certain nombre de mesures, pour tenter de contenir l’épidémie pendant l’été.
La vaccination obligatoire des soignants
Emmanuel Macron a annoncé rentre obligatoire la vaccination des personnels soignant et non soignant qui travaillent dans les hôpitaux, cliniques, maisons de retraite, établissements pour personnes en situation de handicap, pour ceux qui travaillent avec les personnes âgées, bénévoles ou professionnels, y compris à domicile.
Des contrôles seront effectués dès le 15 septembre, pour laisser le temps aux personnes concernées de se faire vacciner cet été, et des sanctions seront appliquées en cas d’infractions. Le Ministre de la Santé Olivier Véran a précisé après l'allocution que les soignants non-vaccinés à cette date ne pourront plus travailler et ne seront plus payés.
Emmanuel Macron a indiqué avoir réfléchi à imposer l’obligation vaccinale à toute la population, mais cette option n’a pas été retenue. Il n’écarte cependant pas cette hypothèse, et affirme que le gouvernement sera de nouveau amené à examiner ce point en cas de dégradation des indicateurs de l’épidémie.
Nouvelles campagnes de vaccination pour les jeunes et les rappels
Pour le gouvernement, il n’existe qu’un moyen de sortir de la crise : vacciner le plus grand nombre, et se concentrer sur les populations les moins vaccinées, à savoir les plus jeunes. Emmanuel Macron a donc annoncé que des campagnes de vaccination spécifiques seront lancées à la rentrée dans les établissements scolaires, à destination des collégiens, lycéens et étudiants.
Une campagne spécifique sera également ouverte pour que les personnes déjà vaccinées puissent bénéficier d’un rappel supplémentaire, avec l’ouverture de rendez-vous dès le début du mois de septembre.
Extension du pass sanitaire
Obligatoire pour accéder aux événements de plus de 1.000 personnes ou encore aux boîtes de nuit, le pass sanitaire sera étendu à de nouveaux lieux et les jauges revues à la baisse.
À partir de la semaine prochaine, mercredi 21 juillet, le pass sanitaire sera obligatoire dans les lieux de loisirs et de culture qui accueillent plus de 50 personnes. Une jauge maximale qui baisse donc drastiquement par rapport aux précédentes restrictions.
De plus, à partir du mois d’août, ce pass sera aussi nécessaire pour accéder aux restaurants, cafés, centres commerciaux, hôpitaux, maisons de retraite, mais aussi pour les trajets de longue durée en avion, en train ou en autocar.
Déremboursement des tests PCR
En plus de l’extension du pass sanitaire, le gouvernement va s’attaquer à la gratuité des tests de dépistage pour inciter à la vaccination. À partir du mois d’octobre, ils deviendront payants, sauf sur prescription médicale.
Les Français auront donc le choix entre se faire vacciner gratuitement ou payer leur test PCR pour accéder à certains lieux. Emmanuel Macron n’a pas précisé à quel prix ils seraient proposés.
État d'urgence sanitaire pour la Martinique et la Réunion
Les deux départements d'Outre-mer connaissent un rebond de l'épidémie, et la vaccination n'y est pas encore assez importante, a fait savoir le chef de l'État. C'est pourquoi, dès demain, mardi 13 juillet, la Martinique et la Réunion repassent en État d'urgence sanitaire, et un couvre-feu sera instauré.
Pas de mesure similaire en métropole pour le moment, mais Emmanuel Macron a indiqué que dans les départements qui dépasseraient le taux d'incidence de 200 cas de Covid-19 pour 100.000 habitants et constateraient une hausse des hospitalisations, les préfets pourront prendre des mesures restrictives localement. Aujourd'hui dans l'Hexagone, plusieurs départements ont dépassé le premier seuil d'alerte de 50 cas pour 100.000 habitants (Paris, Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine, Pyrénées-orientales...), mais aucun n'a franchi la barre des 200 cas.
La relance économique
Après avoir énuméré les nouvelles restrictions, le président de la République a indiqué que l’action du gouvernement sera aussi concentrée sur la reprise économique. Plusieurs objectifs : retrouver une indépendance française et européenne pour les produits essentiels, lutter contre les dérèglements climatiques, financer et investir dans la recherche et l'innovation, et retrouver le niveau d’emploi d’avant-crise.
Il a notamment déclaré présenter un «revenu d’engagement» à la rentrée, pour les jeunes sans emploi et sans formation, dans la continuité du plan «1 jeune 1 solution» mis en place cette année.
La Réforme des retraites
C’est l’un des dossiers les plus épineux du quinquennat d’Emmanuel Macron. Pourtant, en pleine crise sanitaire et à quelques mois de l’élection présidentielle, le chef de l’État remet le sujet sur la table.
Il a annoncé dans cette allocution relancer les discussions autour de la réforme des retraites dès que la situation sanitaire le permettra. Il a réaffirmé vouloir mettre fin au système des régimes spéciaux, pour créer un régime unique. Le Premier ministre Jean Castex devra d’ailleurs s’entretenir avec les partenaires sociaux dès la rentrée, mais la réforme ne sera lancée que lorsque «les conditions sanitaires seront réunies».
Emmanuel Macron a aussi déclaré que la réforme de l’Assurance chômage sera «pleinement mise en œuvre» dès le 1er octobre, alors que son application était initialement prévue pour le 1er juillet.