Le budget supplémentaire de la Ville de Paris, pour l'année 2021, a été adopté ce mardi 6 juillet, et ce, malgré les vives inquiétudes des élus de tous bords. Ces derniers – au premier rang desquels les alliés écologistes de la majorité d'Anne Hidalgo – ont regretté l'absence de plan d'investissement de la mandature (PIM).
«Si notre gestion n'avait pas été saine depuis de longues années. Ce budget supplémentaire n'aurait pas été possible aujourd'hui. Et parce que nos bases sont solides; et malgré le contexte [de crise sanitaire et économique, ndlr] que nous connaissons, notre budget supplémentaire est tout sauf un budget de "renoncement", puisque l'investissement augmente», s'est félicité Rémi Féraud, sénateur socialiste et élu du 10e arrondissement. Et de citer parmi ces investissements : la «mise en œuvre de la police municipale», la «hausse des dépenses de solidarité» ou encore le «soutien à des éléments phares du tourisme et de la culture».
Car c'est bien de cela qu'il s'agit puisque Paul Simondon, l'adjoint à la mairie de Paris chargé des finances, a présenté une autorisation d'emprunt à 841,9 millions d'euros, notamment alourdie de 59,4 millions par l'opération de la recapitalisation de la Société d'Exploitation de la Tour Eiffel (SETE), particulièrement touchée par la crise et qui affiche un déficit abyssal. En parallèle, la municipalité parisienne a tenu à racheter le fonds de commerce de la salle de spectacles du Bataclan. De fait, le nouveau budget s'établit donc à 5,9 milliards d'euros pour les autorisations de programme, 2,3 milliards pour les crédits de paiement et 8,8 milliards pour le budget de fonctionnement.
De son côté, Anne Hidalgo, a rappelé investir «plus de 1,5 milliard d'euros» en 2021 pour financer notamment «la transition écologique» dans la capitale. La maire socialiste de Paris s'est également dite «optimiste» quant à un soutien financier supplémentaire du gouvernement. «A ce jour, nous n'avons reçu que 27 millions» de la part de l'Etat, a-t-elle fait savoir, soulignant qu'il s'agissait d'une aide «largement sous-dotée en comparaison avec d'autres villes de France» et ce, alors que «le coût de la crise s'élève à 1 milliard d'euros pour Paris», touchée «beaucoup plus que d'autres grandes villes» par la crise sanitaire.
«La crise sanitaire – dont le coût s'élève à plus de 800 millions d'euros pour Paris – s'est aussi doublée d'un désengagement perisitant de l'Etat, comme nous avons l'occasion de le dénoncer tant de fois», a poursuivi Rémi Féraud, déplorant que les dotations de l'Etat étaient cette année «inférieures aux dépenses de péréquation» de la Ville «de plus de 150 millions d'euros».
Le plan d'investissement manque à l'appel
Concernant le Plan d'investissement, Paul Simondon avait déjà prévenu que ce PIM, attendu depuis la réélection d'Anne Hidalgo en juin 2020, ne serait pas présenté cet été en raison d'un «manque de visibilité sur le rétablissement de la situation économique». Les annonces d'investissement se feront «au fur et à mesure des projets», avait-il indiqué. Un discours qui n'a pas changé ce mardi, alors que l'adjoint aux finances de la Ville a expliqué que «le niveau de prévisibilité sur le rétablissement économique» était encore «totalement flou».
Dans un communiqué diffusé après l'adoption de la délibération, le groupe des écologistes ont souligné que le projet commun de mandature «vise à voir des projets à vocation environnementale et sociale émerger à Paris» et «rend l'élaboration d'un PIM indispensable, comme ce fut le cas lors de toutes les mandatures précédentes». Voyant leur voeu sur le sujet rejeté, les élus EELV ont tout de même voté la proposition de l'exécutif de présenter une «stratégie d'investissement» avec des «perspectives pluriannuelles» à l’occasion du futur débat d'orientations budgétaires.
Nous étions @Elu_e_sParisGen associé-es au vœu présenté par @aliceTIMSIT et le groupe @ecoloParis pour réclamer un PIM qui fixe démocratiquement le cap des investissements à réaliser sur la mandature. https://t.co/0SbnmTJPJ6
— Elu·e·s Génération·s Paris (@Elu_e_sParisGen) July 6, 2021
«Renoncer à présenter un PIM, c'est placer hors du champ du débat démocratique le choix des priorités en matière d'investissement à Paris. Renoncer à présenter un PIM, c'est aussi assumer que la vision, que les ambitions et que les projets prioritaires que nous voulons voir éclore dans notre ville ne seront pas présentés aux Parisiens», a également regretté l'élue écologiste Alice Timsit, qui a dénoncé l'absence de «transparence» de ce budget, «à l'égard des administrés» ainsi que «le manque de respect du contrat de mandature» qui lie l'ensemble des groupes de la majorité.