Plus de deux ans après l'incendie du 15 avril 2019, qui a partiellement détruit la cathédrale Notre-Dame de Paris, une nouvelle plainte «pour mise en danger de la vie d'autrui» doit être déposée contre X ce mardi 6 juillet, a indiqué l'avocat spécialiste de la santé et de l'environnement Me François Lafforgue. En cause : la pollution au plomb, qui a suivi le drame.
«Récemment, nous avons enfin obtenu des rapports de l'Inspection du travail qui démontrent que les mesures de protection des travailleurs, notamment, n'avaient pas été respectées durant tous les mois qui ont suivi l'incendie», a expliqué Me François Lafforgue, qui a annoncé sur France Inter qu'une plainte contre X allait être déposée ce mardi, au nom de l'union départementale CGT de Paris, l'association Henri Pézerat et deux familles de riverains.
Des manquements et des non-dits
Dans ces rapports, l'avocat explique que plusieurs dysfonctionnements avaient déjà été pointés du doigt : que la «douche de l'unité de décontamination ne fonctionne pas», que «les trois unités de décontamination installées sur le parvis, au milieu de la zone polluée, ne permettent pas une décontamination effective des salariés», et que, gloablement, la situation est «dangereuse» pour les travailleurs.
De fait, «ce sont plus de 400 tonnes de plomb qui ont été détruites au cours de cet incendie, ont en partie fondu ou ont été pulvérisées en micro-particules, qui se sont disséminées dans l'atmosphère», mettent en exergue dans leur plainte la CGT-Paris, l'association Henri Pézerat et les riverains.
«Un problème majeur de santé publique» donc, selon Me François Lafforgue, qui a déploré qu'il y ait encore aujourd'hui «une véritable rétention d'information par l'Agence régionale de Santé (ARS), qui n'a divulgué certaines informations qu'en août 2019, ainsi que par d'autres autorités publiques». Avec cette plainte, ces clients «souhaitent que toute la lumière soit faite sur cette affaire».
Une enquête réclamée
Mi-avril déjà, une plainte avec constitution de partie civile «pour mise en danger de la vie d'autrui» avait été déposée par l'association de défense de l'environnement Robin des Bois. A l'époque, son président, Jacky Bonnemains, souhaitait «enclencher une enquête sur les conséquences sanitaires et environnementales de l'incendie», et en particulier celles liées aux poussières de plomb émises lors du sinistre, soulignant alors qu'une telle investigation relèverait de l'«obligation».
Par ailleurs, le parvis de la cathédrale avait été à nouveau fermé au public, le 18 mai dernier, sur ordre de la préfecture de police de Paris, en raison de la concentration trop importante de plomb. «Les résultats de la dernière campagne de mesures ont fait apparaître des concentrations de poussières de plomb supérieures au niveau habituel parisien en certains points du parvis», avait alors fait savoir la PP dans un communiqué.