Les élections régionales et départementales, c'est déjà du passé. Car la campagne officielle pour la présidentielle 2022 démarre en effet ce 1er juillet. Concrètement, les candidats vont donc pouvoir formellement se préparer. Mais en coulisse, chaque camp n'a pas attendu cette échéance pour fourbir ses armes et commencer à batailler.
Au niveau pratique, c'est donc à partir de ce jeudi que les différents candidats vont pouvoir ouvrir leur compte de campagne, embaucher des salariés, ou encore payer un loyer pour un QG.
Du côté du Rassemblement national, les équipes de Marine Le Pen devraient d'ailleurs, selon toute vraisemblance, commencer à s'installer à une toute nouvelle adresse. Un siège tout neuf rue Michel-Ange, dans le XVIe arrondissement de Paris, comme l'avait révélé en avril dernier Le Figaro.
Lundi prochain, ce sera au tour des salariés d'En Marche d'inaugurer de tout nouveaux locaux de près de 3.000 mètres carrés, situés rue du Rocher (VIIIe), soit à un jet de pierre de l'Elysée.
Ne pas laisser le match Le Pen Vs Macron se réaliser
Deux salles, deux ambiances donc et surtout une même volonté de gagner. Mais en face d'eux, alors que ni le RN ni LREM n'ont gagné une seule région, il est désormais clair que dans la course à la fonction suprême, tout va être fait pour ne pas voir ce duel tant annoncé se concrétiser.
A droite, Xavier Bertrand, candidat déjà déclaré, a ainsi tout de suite tendu la main à Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez. Une bonne volonté clairement affichée mais qui risque de se heurter à une équation compliquée.
La dirigeante d'Ile-de-France a en effet répondu qu'au contraire «tout commen[çait] aujourd'hui» pour elle et elle devrait dire après l'été si elle est candidate.
Apparu de son côté peut-être plus en retrait, Laurent Wauquiez a pourtant lui aussi pu compter sur la confiance renouvelée de ses administrés. Pour ce qui a été comme les dernières élections du quinquennat, l'éphémère président des Républicains (2018 / 2019) a, en Auvergne-Rhône-Alpes, survolé ses adversaires, arrivant confortablement en tête du second tour des élections régionales avec 55,17% des suffrages exprimés. De quoi sans doute, dans la perspective de 2022, le remotiver.
Du côté des écologistes, alors que le maire de Grenoble, Eric Piolle, a levé le voile mardi sur ses ambitions présidentielles, en se déclarant officiellement candidat à la primaire de septembre dont le dépôt des candidatures s'ouvre justement ce jeudi, il devra donc convaincre face à un Yannick Jadot prêt lui aussi à en découdre. Invité ce mercredi soir au JT de TF1, l'eurodéputé vert dont les différentes déclarations sur la sécurité et la laïcité en octobre 2020 avaient détonné, a en effet lui aussi annoncé sa candidature à la présidentielle d'avril 2022.
La ligne qui sera retenue sera à coup sûr très observée à La France insoumise, même si de part et d'autre il ne fait guère de doute qu'une alliance EELV-LFI a peu de chances de se produire. Dans un entretien au Monde, paru en mai dernier, Jean-Luc Mélenchon, candidat déjà déclaré, n'avait du reste pas usé de mots assez forts pour dire que, selon lui, «les écologistes ont un avenir aussi longtemps qu’on ne les voit pas à l’œuvre».
Enfin, au Parti socialiste, Anne Hidalgo semble elle aussi plus que jamais en embuscade. Lundi soir, la maire de Paris a promis d'être «à la hauteur» des attentes du pays. Si elle a indiqué qu'elle n'officialisera rien avant l'automne, ses soutiens continuent, eux, de parler pour elle.
A telle enseigne que, dans une tribune publiée ce mercredi soir et intitulée «Nous, c'est Anne !», 200 élus de gauche appellent l'ancienne protégée de Bertrand Delanoë à annoncer clairement sa candidature à l'Elysée. Parmi ces soutiens, des maires socialistes de grandes villes, de villes moyennes, de villes rurales, des parlementaires ou encore des présidents de conseils départementaux et régionaux. Un plaidoyer solennel qu'ils remettront officiellement à Anne Hidalgo lors d’un rassemblement le 12 juillet, à Villeurbanne (Rhône).
Néanmoins, parmi les noms qui circulaient ce mercredi soir, celui de Carole Delga n'était pas mentionné. La présidente du Conseil régional d'Occitanie, réélue avec 57,8 % des voix, soit le meilleur score des régionales, est désormais pourtant perçue comme potentielle présidentiable quand bien même l'intéressée assure que non.
En somme, tout autant de profils pour une même cible évidente : Emmanuel Macron. Si l'actuel locataire de l'Elysée Macron continue de dire qu’il est «trop tôt» pour affirmer s’il sera candidat, conditionnant son nom à des décisions, dont «certaines difficiles», qu’il aura à prendre cet été pour déterminer son choix, rien ne dit que le frémissement en cours ne le pousse finalement à sortir plus rapidement du bois.