Un juge d'instruction a repris les investigations après les accusations de «tabassages» portées par un journaliste, qui avait infiltré la police parisienne pendant deux ans. Dans un livre, «Flic», il avait notamment dénoncé les méthodes de certains policiers du commissariat du 19e.
L'information judiciaire – qui prend la suite de l'enquête préliminaire lancée en septembre – a été ouverte pour «violences par personne dépositaire de l'autorité publique» et «faux et usage de faux en écriture publique». Dans le livre «Flic» (éd. Goutte d'or), paru en septembre 2020, le journaliste Valentin Gendrot avait raconté son infiltration mouvementée, lors que laquelle il avait pu observer des violences, des insultes racistes et homophobes ainsi qu'un mal-être de la profession.
Des «coups de poing» sur un adolescent
Officiant dans le commissariat du 19e arrondissement de Paris entre mars et août 2019, il explique avoir assisté à plusieurs «tabassages» et témoigne de pratiques «racistes» de la part de certains policiers. Il raconte notamment une «bavure» commise par un collègue, des «coups de poings» sur un adolescent, qu'il avait lui-même couverte avec d'autres policiers.
A l'époque, le jeune homme avait été visé par une plainte pour «outrage» et «menace» du policier accusé des coups. L'adolescent avait également porté plainte pour «violences». Valentin Gendrot avait alors expliqué qu'un PV «mensonger» avait ensuite été rédigé pour «charger le gamin et absoudre» le policier, et qu'il avait incriminé lui aussi l'adolescent lors d'une enquête interne.
Il avait justifié sa décision «extrêmement compliquée» par son souhait de «dénoncer mille autres bavures de ce type». Le livre évoque aussi nombre de ferments de la grogne au long cours des personnels : politique du chiffre, voitures et locaux hors d'âge, suicide d'un collègue et hostilité de la population ou encore salaire de 1.340 euros mensuels net à Paris.
La préfecture de police avait signalé début septembre au procureur de Paris les faits relatés dans ce gros succès de librairie, afin d'établir leur véracité. Le journaliste avait même été entendu comme témoin le 1er octobre par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, chargée des investigations.