Si le vote va se jouer au niveau local, les résultats auront des conséquences pour les partis sur la scène nationale.
Une échéance attendue. Les Français sont appelés aux urnes, ce dimanche, pour le premier tour des élections régionales et départementales. Si cette élection, organisée dans les treize régions du pays, se veut locale, les résultats et leurs conséquences prendront logiquement une tournure nationale pour chaque parti, à droite comme à gauche du paysage politique. D’autant que ce rendez-vous sera le dernier avant l’élection présidentielle, qui se profile dans moins d’un an.
Le RN va-t-il décrocher sa première région ?
Plus que jamais, le Rassemblement national semble en mesure de prendre la tête d’au moins une région cette année. Les regards se tournent logiquement du côté de Provence-Alpes-Côte d’Azur, où Thierry Mariani sort largement en tête des sondages, face à la liste LR-LREM de Renaud Muselier. Il est crédité de 43 % des voix au premier tour (contre 33 % pour son adversaire principal) et de 47 % au second (contre 34 %), selon le baromètre OpinionWay pour CNEWS. Si la liste de gauche venait à s’allier avec LR et LREM, Thierry Mariani serait toujours donné gagnant, avec 53 % des voix. La victoire se fait donc sentir, même si tout peut encore changer.
D’autres régions pourraient également basculer dans les mains du RN. La Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val-de-Loire ou le Grand Est présentent elles aussi une dynamique favorable au parti de Marine Le Pen, qui pourrait créer la surprise en fonction des tractations politiques du second tour.
Les Républicains vont-ils être supplantés par LREM ?
Dirigeant huit conseils régionaux sur treize, Les Républicains jouent gros dans cette élection. Régulièrement décrit comme coincé entre le RN et LREM, le parti sera scruté de près. Si le résultat est mauvais et que des régions lui échappent, ses adversaires pointeront le symbole de son effritement. LREM s’en frottera les mains, tant son ambition semble avant tout d’affaiblir LR.
Dans les Hauts-de-France et en Ile-de-France, face à Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, la majorité présidentielle n’a pas hésité à aligner de nombreux ministres. Pour autant, les sondages n’indiquent pas que cette stratégie puisse réussir. LR reste en effet nettement mieux placé que LREM dans beaucoup de régions, et les deux partis pourraient même parfois avoir à s’associer au second pour espérer s’imposer.
La gauche peut-elle se relever sans alliances ?
A la tête de sept régions aujourd’hui, la gauche pourrait être la grande perdante de l’élection. Malgré plusieurs ententes à géométrie variable au premier tour (parfois entre socialistes et communistes, parfois entre socialistes et écolos), aucune liste ne semble pouvoir prendre les devants. Une alliance totale entre toutes les familles politiques de gauche paraît obligatoire pour s’imposer, par exemple en Centre-Val-de-Loire et dans les Pays de la Loire. Le scénario devra certainement être identique en Bourgogne-Franche-Comté, face au RN.
Il n’est pas impossible non plus de voir parfois des tractations se nouer entre une liste socialiste et un candidat LREM (désistement, accord…), même si ce jeu politique d’entre-deux-tours s’annonce dangereux.
Une nouvelle vague verte va-t-elle déferler ?
Les élections municipales de l’an dernier ont permis aux candidats écolos de briller dans plusieurs grandes villes de France. EELV aimerait donc poursuivre cette belle dynamique, en montrant qu’il peut aussi rassembler à un niveau moins local. En analysant les sondages, cette ambition semble néanmoins hypothétique. Reléguées assez loin du duel RN-LR dans la plupart des régions, les listes vertes devront certainement se résoudre à s’allier avec celles des socialistes pour exister au second tour. Si cela se produit, il sera en revanche tout à fait possible de voir certaines de ces coalitions s’installer à la tête de plusieurs conseils régionaux. L’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine ou le Centre-Val-de-Loire pourraient ainsi se teinter d’une couleur légèrement verte au soir du 27 juin.