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Paris : qu'est-ce que «le Big Bang de la proximité» présenté par Anne Hidalgo ?

Les équipes de propreté seront directement gérées par les maires d'arrondissement. Les équipes de propreté seront directement gérées par les maires d'arrondissement.[© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP]

Qu'il s'agisse de la propreté, de la future police municipale ou encore d'urbanisme, la municipalité parisienne a décidé de déléguer certaines compétences aux maires d'arrondissement. Ce mardi 1er juin, la maire de Paris Anne Hidalgo a acté devant le Conseil de Paris cette nouvelle réforme de décentralisation, qu'elle a qualifié de «Big Bang de la proximité».

Une communication officielle de la municipalité parisienne qui intervient quelques semaines après la polémique #saccageParis qui a grandi sur les réseaux sociaux, dénonçant la saleté et le manque d'uniformité des rues parisiennes. Un coup dur porté à la majorité d'Anne Hidalgo, qui a immédiatement choisi de dégainer une promesse de campagne à laquelle la maire socialiste avait fait référence dès sa réélection en juillet 2020 : décentraliser certaines compétences aux maires d'arrondissement.

L'arrondissement comme «échelon de référence»

«L'arrondissement doit être l'échelon de référence de l’action publique de proximité», a expliqué Emmanuel Grégoire ce mardi au Conseil de Paris. Pour le premier adjoint à la mairie de Paris, l'exécutif fait ainsi le «pari» de faire «confiance aux maires d'arrondissement», permettant à ces derniers de «disposer d'une agilité et d'une souplesse d'intervention». L'élu y voit le moyen que les décisions se prennent «au plus près des Parisiens», «dans le respect de la très grande diversité qui s’exprime dans nos quartiers».

Concrètement, cette réforme prévoit – «avec des moyens renforcés» notamment «des moyens financiers supplémentaires» – de doter les mairies d'arrondissement de nouveaux outils, afin que les maires puissent notamment gérer eux-mêmes la propreté. Ces derniers seront alors «pleinement décisionnaires [...] chargés de choisir où et quand nettoyer les rues», avait déjà annoncé en avril Colombe Brossel, l'adjointe à la mairie de Paris chargée de la propreté. Ils pourront également «passer les marchés avec les prestataires en matière de lavage des trottoirs, d'enlèvement des tags et des graffitis...».

Autres mesures : le doublement des équipes «urgences propreté», qui interviennent rapidement dès qu'un signalement leur est fait, via l'application "Dans ma rue" notamment, et la création de «référents propreté» dans tout Paris. Les premières seront bientôt au nombre de deux par arrondissement, contre une seule aujourd'hui. Les seconds seront répartis dans 125 quartiers de la capitale, chargés de gérer localement les questions de propreté et d'actionner les leviers nécessaires pour nettoyer et réparer ce qui doit l'être.

De la même façon, la future police municipale – qui sera déployée à la rentrée – sera disséminée en 17 divisions territoriales. Soit une par arrondissement. Joignables 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, elles seront organisées en patrouilles «d'ultra proximité», a souligné Nicolas Nordman, l'adjoint à la mairie de Paris chargé de la sécurité. Et d'ajouter : «la volonté qui est la nôtre est que les maires d’arrondissement – en lien avec les commissaires de police – puissent déterminer les priorités d’action dans chacun des arrondissements».

Cette réorganisation profonde des services publics municipaux – qui sera effective «d'ici à septembre [...] dès que les feuilles de route seront rédigées» – sera accompagnée dans chaque arrondissement par un «directeur général adjoint des services». «Il y a des choses que nous ne ferons pas», a par ailleurs souligné Colombe Brossel, faisant par exemple référence au recrutement des agents qui restera une compétence de la mairie centrale.

L'opposition veut aller plus loin

Si l'annonce de cette réforme est plutôt bien reçue par l'ensemble des élus parisiens, certains regrettent que sa mise en place n'est pas pu se faire plus tôt et dénoncent le manque de moyens alloués à celle-ci. «Il a fallu #saccageParis et la mobilisation des Parisiens à nos côtés pour obtenir ce débat sur la propreté au Conseil de Paris», s'est ainsi exprimée Rachida Dati, maire du 7e arrondissement et présidente du groupe Changer Paris, qui préconise de «passer de la parole aux actes» en «donnant aux maires d'arrondissements les moyens de rendre Paris propre».

Pour cela, l'ancienne ministre réclame «une réelle autonomie financière pour moderniser les équipements», « une autorité hiérarchique et fonctionnelle sur les personnels de la propreté pour des résultats probants» ou encore «une latitude totale pour passer des marchés publics dans le domaine de la propreté et pour expérimenter des techniques de nettoyage».

Même constat du côté du maire LR du 17e arrondissement, Geoffroy Boulard, qui demande «avec quel budget» une telle réforme peut tenir en l'état. «Confiez-nous vraiment et sans sur-communication la gestion de la propreté. Vous n'avez rien à y perdre. La situation pourrait difficilement être pire», a-t-il conclu, comparant le «Big Bang de la proximité» au «léger, souriant et sympathique fantôme Casper».

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