Dans un pays réputé méfiant face à la vaccination, le dernier avis de l'Académie de médecine autour du coronavirus risque d'être très commenté. Dans une note rendue publique ce mardi 25 mai, l'institution, chargée notamment de conseiller le gouvernement sur les questions de santé, préconise ainsi de rendre le vaccin anti-Covid obligatoire.
Comme l'écrit l'Académie dans son avis (disponible ICI), cette obligation serait en effet, selon elle, le seul moyen d'atteindre «une immunité collective suffisante pour contrôler l'épidémie».
Consciente néanmoins que cet impératif ne pourra pas se faire d'un seul tenant, elle suggère de le concrétiser par paliers, en vaccinant d'abord certaines professions et catégories de population, comme les enfants et les adolescents.
«'Obligation' n’est pas un gros mot quand il s’agit de vacciner contre [le] Covid-19», appuie l'institution qui explique «qu'avec un taux d'efficacité de 90 % à 95 % contre les formes graves de Covid-19, les vaccins actuellement homologués en France (...) remplissent les conditions qui permettent de recourir à l'obligation vaccinale».
« Obligation » n’est pas un gros mot quand il s’agit de vacciner contre la Covid-19 Elle s’impose dans tous les cas où une vaccination efficace permet d’éliminer une maladie répandue, sévère et souvent mortelle.
https://t.co/uCe50cyyq0 via @acadmed— Académie Nationale de Médecine (@acadmed) May 25, 2021
Ce faisant, la vaccination «s'impose dans tous les cas où une vaccination efficace permet d’éliminer une maladie répandue, sévère et souvent mortelle.
Ce premier argument en forme de préalable étant posé, l'Académie de médecine explique que «les mesures individuelles (gestes barrières) et collectives (couvre-feu, confinement) sont incapables de contrôler dans la durée» l'épidémie de Covid-19.
Contourner les «opposants» et les «hésitants»
Or «le dynamisme de la campagne vaccinale en cours va se heurter à l'obstacle des hésitants et des opposés à la vaccination», deux catégories estimées chacune à 15 % de la population, poursuit l'institution.
Dans ce contexte, il sera donc «très difficile d'obtenir avant la fin de l'été un taux de couverture vaccinale qui assurerait une immunité collective suffisante pour contrôler l'épidémie, soit 90 % de la population adulte ou 80 % de la population totale (enfants inclus)», argumente l'organe consultatif.
Voilà pourquoi, puisque l'Académie de médecine sait qu'«une telle obligation ne pourra être instaurée que de façon progressive», elle recommande de la rendre tout d'abord «exigible» à certaines catégories, à commencer par les professions «essentielles». Ce sont, par exemple, les enseignants, professions de santé, police et fonction publique en général, services d'approvisionnement en alimentation, eau, énergie, argent liquide et matériel informatique.
L'académie estime qu'il faudrait également appliquer cette obligation aux «activités professionnelles comportant un contact avec le public» - commerces, restauration, hôtellerie, établissements culturels et sportifs -, «en préalable à toutes les activités comportant déplacements ou rassemblements» - voyages internationaux, cures thermales, événements associatifs -, aux étudiants «avant la rentrée universitaire 2021» et aux donneurs de sang.
Enfin, l'Académie de médecine ajoute que «la vaccination contre le Sars-CoV-2 aux adolescents et aux enfants devrait être envisagée dès que les protocoles vaccinaux seront homologués dans ces tranches d'âge», et cela même si «le Covid-19 est généralement bénin dans le jeune âge», car cette extension est «nécessaire pour l'acquisition d'une immunité collective».