La redoutée épreuve de philosophie se tiendra le 17 juin pour tous les élèves de Terminale.
Coronavirus oblige, elle sera cependant un peu différente des années précédentes : les candidats auront le choix entre quatre sujets, au lieu de trois habituellement. Au niveau de la note, sera retenue soit celle de l'examen du 17 juin, soit celle du contrôle continu, a déjà précisé le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer. L'occasion pour les élèves de voir l'épreuve de philosophie comme un «bonus» pour s'assurer le Bac ou une mention.
Mais entre analyse du sujet, références philosophiques et argumentation, il est parfois difficile de saisir les attendus des correcteurs. Nicolas Bouchard, professeur de philosophie en Terminale au lycée Beaupré d'Haubourdin (Nord), donne ses dix conseils pour réussir l'examen.
RÉ-VI-SER
Peut-on aller en philosophie «au talent» ? Contrairement à d'autres matières, le bac philo a la réputation de pouvoir se passer de révisions. Une idée totalement fausse, selon Nicolas Bouchard. «Ce qui va permettre de valoriser une copie, c'est la culture philosophique», explique-t-il.
Cette culture comprend à la fois les auteurs et leurs écrits, mais aussi des concepts précis et des distinctions qu'il faut savoir utiliser. Impossible donc de zapper l'étape des révisions. Pour être le plus efficace possible, Nicolas Bouchard conseille de relire le cours et les textes étudiés.
Les élèves dont le cours n'est pas complet peuvent s'appuyer sur les manuels scolaires de philosophie. S'il est difficile de lire les textes tout seul, «souvent, les pages d'introduction aux différents chapitres mettent en lumière les distinctions et définitions importantes à connaître», souligne Nicolas Bouchard. «Ce sera déjà une première étape.»
NE PAS CHOISIR À L'AVANCE SON SUJET
Entre dissertation et explication de texte, difficile de ne pas avoir de préférence. Mais mieux vaut les mettre de côté pour l'épreuve : à cause de la crise sanitaire, beaucoup de professeurs n'ont pas terminé le programme. Les élèves doivent donc avant tout se diriger vers les sujets dont les thèmes ont été abordés en classe. Le choix du sujet ne doit pas prendre plus d'un quart d'heure, estime Nicolas Bouchard.
TRAITER LE SUJET SANS RÉCITER SON COURS
«Ce n'est pas un exercice de récitation», rappelle Nicolas Bouchard. «Le but n'est pas de ressortir tout ce qui a été appris, mais de traiter le sujet.» Pour cela, «la première chose à faire» est de bien délimiter l'énoncé afin d'éviter les hors-sujet. Il faut ensuite analyser tous les termes, dégager les présupposés, et se lancer dans la problématisation. D'où l'intérêt des révisions. «Pour être capable d'utiliser son cours sans le réciter, il faut l'avoir beaucoup travaillé», signale Nicolas Bouchard.
DONNER LA PRIORITÉ AUX ARGUMENTS
«Nous notons essentiellement l'argumentation», indique Nicolas Bouchard. Ne baser sa copie que sur des exemples fait donc partie des «pires défauts» possibles, estime-t-il. L'exemple doit être au service de l'argumentation, et «ne pas prendre toute la place».
L'argument prime aussi sur la référence philosophique. Nicolas Bouchard encourage donc les élèves à construire leur plan d'abord sur des idées, et de n'y associer des auteurs que dans un second temps. «Même si c'est difficile de voir un sujet sans penser à des philosophes, il faut essayer de les mettre dans un coin de sa tête et de n'y revenir qu'après», détaille-t-il.
NE PAS CONFONDRE RÉFÉRENCE PHILOSOPHIQUE ET CITATION
Apprendre des dizaines de citations par coeur pour être sûr d'avoir quelque chose à dire ? Mauvaise idée, selon Nicolas Bouchard. «Nous attendons de l'élève qu'il connaisse la pensée de tel ou tel auteur et qu'il sache l'utiliser», précise-t-il. «Et savoir l'utiliser, ce n'est pas juste citer sans l'expliquer.»
Mieux vaut une copie sans citation, avec une réelle connaissance des auteurs, que l'inverse. Donc «les fiches de citations sont complètement inutiles», résume Nicolas Bouchard. «Les fiches qu'il faudrait faire, à mon sens, ce sont les fiches de définitions.»
EVITER DE TOUT RÉDIGER AU BROUILLON
Pour bien gérer son temps, Nicolas Bouchard conseille de passer au maximum «une heure, une heure et demie» sur le brouillon. Ce qui implique de ne pas tout rédiger. «La problématique, on peut l'écrire au brouillon, sinon on risque de s'emmêler les pinceaux», précise-t-il. Mais le reste des parties et sous-parties doit être rédigé directement sur la copie, à l'exception peut-être «d'un passage sur lequel on ne se sent pas à l'aise». Le temps économisé permettra à l'élève de bien réfléchir à ses formulations et de se relire.
VARIER LES EXEMPLES
Littérature, histoire, cinéma... En philosophie, si l'on choisit de donner des exemples, l'idéal est de les varier. «Un exemple de la vie de tous les jours, c'est bien, mais il ne faut pas en mettre dix», précise Nicolas Bouchard. «Et si l'on choisit un exemple tiré de l'actualité, il faut rester neutre sur son traitement.»
Les exemples doivent être développés, en faisant attention à ne pas prendre trop de place par rapport à l'argumentation. Un cliché à éviter ? «Hitler et le Troisième Reich», répond sans hésiter Nicolas Bouchard. «En général, l'élève l'utilise pour illustrer le mal. Mais c'est très fréquent, ça ne distingue pas du tout la copie, et c'est fait sans aucune réflexion. Ça n'apporte rien.»
ÊTRE PRÉCIS
Un mot d'ordre pour la rédaction : précision. L'exposition des concepts, définitions, références philosophiques et exemples doit être la plus rigoureuse possible. Et bien sûr, «on n'invente pas une citation», prévient Nicolas Bouchard. «Ni un philosophe, ni un titre d'ouvrage.»
SOIGNER L'ÉCRITURE ET LA PRÉSENTATION
En philosophie, il n'y a pas de points attribués à l'orthographe. Mais comme dans toute épreuve de rédaction, la qualité de l'écriture influence l'examinateur. «Si une copie commence avec beaucoup de fautes dès les premières lignes, elle met le correcteur dans de mauvaises dispositions», explique Nicolas Bouchard. L'idéal est donc de réserver quelques minutes à la fin de l'épreuve pour bannir les fautes d'orthographe, les répétitions, et autres coquilles.
La présentation a elle aussi son importance. Il est beaucoup plus facile pour le correcteur de suivre le raisonnement d'un élève lorsque celui-ci fait des paragraphes. «Même à l'intérieur d'une grande partie, il faut faire des paragraphes», affirme Nicolas Bouchard. «En fait, il faut faire un nouveau paragraphe à chaque grande étape du raisonnement, environ toutes les quinze ou vingt lignes.»
EN EXPLICATION DE TEXTE, BANNIR LA PARAPHRASE
La paraphrase consiste à réécrire le texte, souvent en moins bien. Il s'agit du défaut le plus courant des explications de texte. «Il est difficile à éviter», concède Nicolas Bouchard. Les élèves doivent garder à l'esprit ce risque en permanence.
BONUS : POUR AVOIR 20/20
Qu'est-ce qui distingue un 13/20 d'un 17 ? Pour Nicolas Bouchard, c'est en général la troisième partie qui valorise vraiment une copie. «Elle est censée résoudre la problématique, et dépasser les points de vue développés dans les autres parties.»
Les bons élèves peuvent également travailler sur la précision de leurs références et soigner leurs transitions pour obtenir une note encore meilleure.