Le sésame vers la liberté ? Présenté par le gouvernement comme un outil indispensable pour retrouver une vie normale dans le pays, le pass sanitaire devrait bientôt devenir une réalité.
Le dispositif, voté à l’Assemblée le 11 mai dernier et cette semaine au Sénat, sera en effet déployé à partir du 9 juin prochain et il permettra de voyager à nouveau ou de participer à un grand rassemblement. Mais, à l’approche de l’échéance, les questions sont nombreuses.
A la veille de l’été, et dans un contexte de reprise économique, elles appellent des réponses claires que l’exécutif peine parfois à donner. Un véritable casse-tête, d’autant plus que l’épidémie n’est pas encore totalement maîtrisée.
Des interrogations en cascade
Suivant les éléments communiqués, le pass sanitaire devrait concrètement prendre la forme d’un QR Code renfermant des informations sur la santé du porteur. Il permettra soit de prouver un test PCR négatif récent, soit d’attester d’une vaccination, soit d’afficher un certificat de rétablissement au Covid-19.
Autant d’éléments qui pourront être intégrés dans l’application TousAntiCovid, et donc facilement accessibles. Déjà expérimenté en Corse, cet outil sera incontournable pour aller à de grands événements comme des foires, des concerts ou des événements sportifs.
Alors que le projet de loi dédié doit être voté définitivement à la fin du mois, les députés et les sénateurs se sont mis d’accord, hier, pour que seuls les rassemblements de plus de 1.000 personnes soient concernés.
Reste que s’il est accueilli favorablement par le secteur événementiel, le pass sanitaire suscite de nombreuses critiques, de la part d’une partie de la classe politique d’une part, et aussi d’une frange de la population ; qui y voit une atteinte aux libertés et s’inquiète de l’utilisation des données.
Face à ces craintes, les parlementaires rappellent que le pass sera temporaire et s’arrêtera le 30 septembre. Le gouvernement a aussi promis de garantir la sécurité des données de santé. Mais des inquiétudes persistent, notamment sur la possible utilisation de faux certificats (il sera également possible d’utiliser le pass sanitaire en format papier).
Enfin, le calendrier retenu pour la mise en place du pass sanitaire est parfois jugé trop serré pour permettre le recrutement, dans les temps, des personnels habilités à le contrôler.
Le virus toujours en embuscade
En dehors de ces considérations pratiques, la stratégie française de déploiement du pass sanitaire pose aussi des questions vis-à-vis du virus lui-même. En limitant son utilisation aux activités qui présentent les plus forts risques de diffusion épidémique, comme le préconisait le conseil scientifique, le gouvernement pense avoir trouvé le bon compromis.
Or, au moment où certains épidémiologistes alertent sur une possible 4e vague dès cet été ou à l’automne, voire sur l’émergence continue de nouveaux variants toujours plus contagieux, cet équilibre reste fragile.`
C’est pourquoi, pour éviter de prolonger indéfiniment l’utilisation du pass ou de l’étendre aux activités de la vie courante (se rendre au travail ou au restaurant, entre autres), la campagne vaccinale doit suivre. Le message semble avoir été reçu puisqu’hier le Premier ministre Jean Castex a annoncé que la vaccination des adultes serait ouverte dès le 31 mai, au lieu du 15 juin.